Ce disque, je pense, aura marqué par son visuel car il faut reconnaître que l’architecture de l’immeuble présenté est assez ouf (apparemment un hôtel slovaque); la musique, je doute. Pour ce second opus, les Biélorusses prennent quelques distances avec la cold wave pure et dure de leur essai précédent en assumant plus ouvertement les influences directement new wave. L’ensemble est moins gris, plus dansant. Mieux enregistré aussi. Pas plus chaleureux pour autant. L’influence de Kino est omniprésente, celle de New Order aussi. Souci ? Le même que sur le disque d’avant, c’est très sympathique mais ça manque clairement d’étincelle. Aucun titre n’est foncièrement mauvais, c’est juste qu’ils s’enchaînent sans que l’un d’eux ne se démarque très ouvertement des autres, Oui, ‘Волны’ est vraiment plaisant, notamment de par son riff de guitare glacé (un son un brin trop omniprésent tout au long de l’album), ‘Тоска’ tient très bien la route aussi grâce au synthé à une vigueur plus marquée mais la production polit trop l’ensemble. Pas d’aspérité, pas de creux, de pic, tout s’écoule sur la même fréquence d’où cette impression de monotonie que d’aucun trouveront pertinente vu le style joué. Argument un peu faible. Plusieurs chansons sonneraient mieux avec plus de punch (‘Судно (Борис Рыжий)’ en est l’exemple parfait: de la graine de hit mais qui ne croît qu’à moitié car le chant est écrasé, la guitare prédomine trop) ou un mixage plus audacieux. Tant que je suis en mode ‘chieur’, j’ajouterais que les petites trouvailles de roulements de congas électroniques, de handclaps dans la boîte n’étaient pas foncièrement nécessaires. Une fois encore, le trio nous lâche un pur tube alors que la fin de l’album arrive: ‘Коммерсанты’ qui sonne comme une version speed de Kraftwerk avec une belle ambiance et un clavier fort bien utilisé. Ça ne suffit pas à donner assez de corps à l’ensemble, un vrai travail de studio m’apparaît nécessaire (ce sera davantage le cas sur le troisième album). Tout est allé vite pour Molchat Doma. Trop ? Il est évident que nos loustics ne sont pas des manchots en écriture mais il eût été bon de travailler sous la houlette d’un manager ou d’un producteur plus exigeant et finaud pour leur conférer cette étincelle qui leur manque cruellement pour les rendre vraiment intéressants.