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Denuit › Inferno

cd • 10 titres

  • 1In the darkroom
  • 2I'm bleeding
  • 3White house
  • 4Némésis
  • 5Voice of the shadows
  • 6Life and death
  • 7Blurred vision
  • 8Deep water
  • 9Redemption
  • 10Room in the dark

informations

https://denuit.bandcamp.com/album/inferno

line up

Lis Araignée (chant, musique), Ivi Topp (musique)

Musiciens additionnels : Axelle Perrot (batterie sur le titre 7)

chronique

Après nous avoir promené(e)s entre les teintes noires et blanches de paysages décharnés nocturnes exposés en plein jour ou inversement, les Français de Denuit nous ont imperceptiblement conduit(e)s aux rivages du Styx. Pour exposer les teintes sang du monde souterrain tel qu’il est souvent perçu dans la théologie judéo-chrétienne, il fallait rendre le noir plus opaque, profond. Le groupe l’a fait. ‘Inferno’ est à l’image d’une scène de théâtre conceptuel: pas de décor, des tentures noires tout autour, les images, ce sont le coeur et l'esprit qui vont les développer au rythme de la musique, guidés par la pythie Araignée. Une musique qui a tout d’un voyage tant les titres parviennent à s’enchaîner sans coupure de la manière la plus naturelle sans pour autant dégager l’impression d’un concept-album, chaque chanson développant une identité forte. Le groupe a aussi adapté ses sonorités (un travail remarquable) et sa production pour confirmer les limites de ce décor mystique souterrain: moins froides, plus organiques, avec toujours une vraie richesse dans le dépouillement (sophistication des détails) et un sens aigu non seulement de la mélodie mais de l’atmosphère aussi. Denuit s’éloignent d’un pas supplémentaire de toute tentative de les comparer aux projets contemporains en vogue (Lebanon Hanover, Selofan, …), leur dark wave devient de la goth wave. Bien sûr, le chant sur les premières mesures de ‘In the darkroom’ évoquera un peu celui de Joana, le timbre grave, mais très vite Lis Araignée démontrera son identité propre de par une palette de possibilités plus larges et une utilisation plus émotionnelle, moins dans la retenue. Ce morceau fonctionne d’ailleurs comme un leurre. Malgré son entrée en matière légèrement austère, il développe rapidement une forme de petite transe obsessionnelle portée par le chant quand il monte dans les aigus. Quand débute, ‘I’m bleeding’, il est trop tard, le halo de basse a déjà tissé tout autour de nous une prison invisible dont on ne s’échappera plus, la voix laisse tomber son masque d’elfe sombre pour se dévoiler sorcière. Ses circonvolutions, véritable pièce de théâtre à elles-seules entre moquerie, désespoir palpable, parfaitement soutenues par les instrumentions (remarquables tant dans le doigté que le choix des sons) résument ce que contient le disque dans son entier: une sensualité noire, étouffante presque parfois mais jamais anxiogène, véritable miroir d’obsidienne contre lequel projeter ses démons intérieurs, les regarder s’animer en fresques qui échappent à notre contrôle (les effets de choeur de ‘White house’, par exemple). ‘Némésis’, ma pièce favorite, c’est un sabbat endiablé dans un cercle de roche sur lequel dansent au gré des corps des ombres rougeoyantes; le duo gère magnifiquement ses effets en alternant les moments dépouillés et des éclats plus percutants. Le voyage entamé, plus rien ne s’arrête, les compositions s’enchaînent comme autant de réussites, les mélodies sont puissantes, la coloration organique apportée à l’électronique, le vrai travail sur les percussions, ce chant incroyablement évocateur, tout concourt à à nous faire avancer, lentement (‘Life and death’), en titubant sous les effluves toxiques (‘Blurred vision’), ensorcelé(e)s par les connotations orientales (‘Redemption’) avant de se conclure sèchement, sans effet, par un ‘Room in the dark’ rampant, parfait complément à l’intro qui laissera chacun seul avec la décision de chercher ou non une voie de retour vers un air libre pas si séduisant que ça après tout. Un des disques de l'année 2022, assurément.

note       Publiée le mercredi 18 janvier 2023

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Note moyenne        5 votes

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Vilain Barbu Envoyez un message privé àVilain Barbu

Bon, je sors juste de l’écoute et… c’était super !

De base, c’est pas du tout mon style de sonorités ou d’esthétique : j’aime le bruit des cordes qu’on frotte, qu’on tape, entendre la respiration du saxophoniste entre 2 phrases… les «vrais» instruments quoi. J’avais donc un peu peur de ne pas m’y trouver… Que nenni !

Déjà parce que Lis déploie avec sa voix une myriade d’effets, d’émotions et d’ambiances, le tout sur une tessiture impressionnante et parfaitement maîtrisée, mais aussi parce que la musique est tellement variée qu’on ne s’y ennuie pas !

On n’a jamais l’impression d’entendre 2 fois le même morceau (là où dans certains groupes des années 70 avec un Hammond, malgré les timbres disponibles, on a parfois une impression de répétition), les détails fourmillent dans tous les sens sans en faire trop et l’idée qu’un tel foisonnement puisse venir d’un DUO me parait impossible (mais il faut dire que je ne connais rien aux machines qu’ils utilisent).

Nan vraiment, super cool

Note donnée au disque :       
Vilain Barbu Envoyez un message privé àVilain Barbu

Oui, bien sûr, je voulais juste dire que la musique improvisée en live ils ont aucune prise dessus.

Message édité le 02-02-2024 à 11:38 par Vilain Barbu

Note donnée au disque :       
Alfred le Pingouin Envoyez un message privé àAlfred le Pingouin

Je voulais juste dire que techniquement, on peut déposer une impro à la SACEM. Certains le font, ça n'enlève rien à l'antipathie que j'ai pour ce truc mais voilà.

Vilain Barbu Envoyez un message privé àVilain Barbu

Ouais, je les hais.

Bon cela dit, je gagne 1500 balles par trimestre grâce à eux avec mon dernier album mais la cicatrice reste douloureuse

D’ailleurs ce concert était en première partie de Colour Haze ! On était inquiets (et eux aussi) au début parce que la communication était… compliquée ^^

Comme des gros noobs, on leur a demandé quel était leur matos pour qu’on puisse partager sauf qu’on avait pas compris qu’avec un groupe de leur ampleur, y a pas de partage de matos donc quand ils nous on dit «euh bah non !» on l’a un peu mal pris

Et quand l’orga nous a demandé «vous êtes combien dans le groupe ?» et qu’on a répondu «on sait pas» (puisqu’on était un collectif de 25 musiciens et qu’en gros le fonctionnement c’était «j’ai dégoté une date la semaine prochaine, qui est dispo ?», avec comme seule règle d’avoir max 1 bassiste de plus que de batteurs et max 1 guitariste de plus que de bassistes), apparemment le leader de Colour Haze a vu un peu rouge

Finalement on était 9 (dont logiquement 1 batterie, 2 basses et 3 guitares), quand on leur a expliqué notre fonctionnement et quand ils nous ont vu jouer ils étaient rassurés et quand on a vu leur matos on a compris pourquoi il était IMPENSABLE de partager (4 cabs pour le guitariste, 3 pour le bassiste, 3 pour le claviériste… un MUR d’amplis. Impressionnant.)

Note donnée au disque :       
sergent_BUCK Envoyez un message privé àsergent_BUCK
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Aaah la SACEM... Albert Marcoeur a écrit un petit bouquin pour raconter ses déboires avec cette compagnie, toujours dans son style bien à lui, c'est assez croustillant et je recommande !

Mais on s'éloigne de la chro là, allez fin du HS pour moi.

Message édité le 02-02-2024 à 11:20 par sergent_buck