‘Shut up’, hurle une voix sans discontinuer sur près de vingt secondes, sera-ce le ton de ce troisième opus ? Si cette intro massage de tympans sert de prélude à un excellent morceau de post punk métallique à souhait, tranchant, groovy et inconfortable (on navigue pas loin du Pop Group), le combo n’a pas renoncé à son identité de touche-à-tout pour autant. Les titres s’enchaînent comme une collection d’expérimentations dans laquelle nos Anglais, comme de coutume, prennent plaisir à explorer toutes les facettes offertes par le post punk: tribal (‘new England’), indus, dub (‘Preparing for power’), expérimental (‘Pogrom’ mêlant violons et percussions sèches, ‘Call to arms’ constitué d’enchaînements de hurlements alourdis ensuite de basse et de percussions lentes), jazz pop (le délicat ‘Frontline’ avec ses guitares cristallines évoquant Durutti Column) ou ambient (‘Drex’)… Du grand n’importe quoi ! Un foutoir total ! Un disque de branques incapables de tenir un rythme, mauvais musiciens ! Mmm, oui, c’est une opinion mais si au contraire, ce disque comme les précédents était simplement la mise en musique de la diversité culturelle de Londres, de ses émotions ? Il y a à mon avis un peu d’un stream of consciousness musical dans cette suite de titres, comme si un enregistreur survolait la cité, ses rues, ses bas fonds, ses caves, ses arrière-cours, ses friches industrielles, pour en capturer les sonorités et l’aura qui s’en dégage. Voilà ‘Spike’, un puzzle urbain traduit en musique au travers d’une liberté musicale et créatrice qui se rit de toute forme de barrière, de toute contrainte artistique, avec un certain espace pour l’improvisation. Pas forcément destiné à tout le monde mais aussi fort qu’un patchwork de chroniques sociales…