Anatomia › Decaying in Obscurity

Y a pas à tortiller du nez, le death metal c'est bien une histoire d'atmosphère. D'atmosfear même. Et Anatomia ils ont compris ça. Et pourtant, j'en ai écouté du death qui se présente comme atmosphérique, mais souvent, quand les gars mettent ça en avant on se retrouve avec autre chose... Anatomia ne se présente pas comme atmosphérique mais comme "dismal slow death metal", donc c'est lent, c'est moche, avec quelques hoquets autopsyens comme il se doit, que Reifert il a même fait les lettrages des paroles dis-donc dans le livret tout beau tout chaud de chez l'antipathique NWN! productions. On est toujours dans un rituel hommage aux vieux américains, mais peut-être qu'ils arrivent enfin à faire comme eux, c'est à dire à faire ce qu'ils ont envie de faire tout en n'étant pas très frais ; car évidemment ça reek of stupéfaction ici, mais de la "sale", celle qui donne beaucoup d'effets secondaires dégueulasses, grâce à la toute puissance de la réverbération et du son étouffé et du désaccordement extrême des guitares ; le minimalisme est de rigueur, pas d’esbroufe, un peu de clavier à la Tubular Boulls c'est tout grand max et voilà une "atmosphère" bien asphyxiante, encore bien polie depuis leur sortie du néant, encore plus travaillée, mieux rabotée, pas de superflu, juste ce qu'il faut en terme de dégueulasserie, de longueur de morceau, de break, de non-solos, et tout semble comme si on avait déjà écouté le même album ailleurs, et qu'on découvrait quelque chose de nouveau à la fois. Épatant évidemment ce death metal rhumatismal, on sent craquer les jointures, tout cela grâce à une finesse d'interprétation et d'écriture imparable ; suffit pas de jouer fort et de beugler pour faire du bon death metal, regardez tous ces gruik slam truc ultra-produits... ici c'est l'inverse, pas lo-fi mais presque, et tricoté avec un soin et allez, un amour pour le glauque comparable à la tendresse pour le gênant de la part d'un amateur de nanard. Un album à conseiller à tout néophyte de métal extrême : s'il se barre en courant les mains sur les oreilles, vous saurez qu'il n'aimera jamais rien d'autre dans cette sphère...