Abigor › Höllenzwang - Chronicles Of Perdition

Je croyais en avoir fini avec Abigor, mais Abigor n'en avait pas fini avec moi... "when i thought i was out, they pull me back in" en quelque sorte ! Comme d'hab, il faut prendre chaque album comme un nouveau baptême, une nouvelle "initiation" d'un truc qui nous dépasse mais qui parle quand même une langue facile à comprendre, à savoir : le hard rock, enfin, le black metal, enfin, Abigor. Ici, ça rocke, ça hurle, ça balance des super plans de guitare sans fins, c'est ultra-vitaminé, à l'image de leur production depuis Leytmotif Luzifer, quelque chose de très bourrin et très dentelé à la fois, qui pourrait ravir les amateurs de rock compliqué comme ceux qui voudrait foutre le feu au village en dansant tel Saint Guy. On n'est pas en reste niveau mélodies qui tuent, l'intro de "Sword of Silence" ou de "None Before Him", le refrain de "Olden Days" et une palanquée de breaks de ouf, allez, on se tapote la poitrine en levant les yeux au ciel en se lamentant, c'est parti on court en rond comme des fous ! Il faut savoir, enfin après tous ces albums vous savez qu'il faut regarder les textes et "concepts" de près pour encore mieux savourer son gâteau autrichien narcosatanique ; je crois qu'on reste encore sur des jeux sur le dualisme, le truc contre le machin, la synthèse de l'éveil et de l'endormissement, enfin, si ça parle à quelqu'un tant mieux, l'hermétisme étant souvent la seule condition pour comprendre deux trois trucs vu que, et ça je le constate quotidiennement : les choses simples ne sont pas entendues. "C'est plus compliqué que ça, tu comprends, on peut pas non plus... (insérez truc simple)". Ce qui est frappant aussi chez Abigor, et c'est encore mieux si vous avez la hi-fi qui tue, c'est depuis la folie "Supreme Immortal Art" cette capacité à peindre des paysages complètement dingues et très expressifs, ici tenue par la voix de Silenius + invités s'agrégeant à cette engeance comme une pâte à modeler fumante. Sans être bavard, sans être kitsch ni péteux, Abigor reste complexe mais relativement facile d'accès et ça c'est une gageure dans le métal qui raconte des histoires souvent très longuettes. Il y a vraiment peu de groupes qui arrivent à parasiter l'imaginaire comme ça sans me casser les roustons, et c'est beau, tiens, on dirait souvent cette belle scène du Witcher III, le sorceleur sort du bain, se fait gentiment pourrir par Yenefer et va sur le balcon, et là il se dit avec sa tête un peu niaise "eh, c'est quand même joli ce coin de montagne", sauf que vous voyez l'équivalent du Mordor à la place... des fumées des flammes, des gens qui chantent, des formes qui rigolent, etc. On n'est pas non plus devant un monolithe tout dur, on sait varier tempos et salle ambiance "slow", "bar américain", "disco metal"... c'est d'ailleurs comme ça que je m'imagine les satanistes vu que je fais pas partie de cette secte chrétienne particulière : un club de gros teufeurs, ivres du soir au matin et qui de temps en temps pondent des chefs d’œuvre ou du "très bon" ; et on dirait bien qu'Abigor est littéralement accro à la production de musique de qualité qui pétarade et fout des baffes de gros yéti dans ma gueule de petit auditeur minuscule. Pas taper !