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Salome › Terminal
- 2010 • Profound Lore Records PLF068 • 1 CD
- 2010 • Vendetta Records VEN050 • 2 LP 33 tours
lp/cd • 7 titres • 66:56 min
- 1The Message9:06
- 2Terminal6:01
- 3Master Failure6:45
- 4Epidemic10:21
- 5An Accident of History17:05
- 6The Witness8:11
- 7The Unbelievers9:27
informations
Enregistré par Blaine Misner. Masterisé par James Plotkin. Produit par Blaine Misner et Aaron Deal.
Illustration : Fade Kainer.
line up
Aaron Deal (batterie, guitare, synthétiseurs, bruits), Katherine Katz (voix), Rob Moore (guitare)
chronique
C'est là que ça se met à vraiment mal tourner... Pour le mieux, bien entendu !
Ce deuxième Salome s'enfonce – s'aggrave, se salit encore. S'assèche et s'imprègne en même temps – substance béton râpeuse qui boit les écoulements et les brumes toxiques. Toujours cette base de riffs pesants et mats – sludge, doom, stoner malade des tripes. Toujours cette batterie qui groove à travers le sirop dégueulasse, boueux, qui brasse dans l'épaisseur des fluides. Mais avec cette fois en sous-couches, en parasite dans la masse, des cassures noise, craquements et sifflements électromagnétiques, des bugs qui viennent péter la continuité, piquer la surface, faire des fissures.
Encore la voix de Kat Katz – comme avant mais en pire. Les aigus encore plus étranglés et perforants à la fois. De soudaines relâches brèves en vrais cris – avec les deux autres qui s'emballent pareillement derrière... Puis tout le monde qui stoppe net pour que l'étouffement demeure, que la constriction se poursuive. Bouffées puantes. Et les growls, le bas du spectre : elle grogne, elle gronde. C'est pas gentil.
En fait c'est un tout autre disque – presque une autre musique. Ou alors un cauchemar fait par la même musique – qui sombre dans ses propres trous, veut passer de l'autre côté pour sortir de tout ce qui la plombait – de négatif, de noir, gris, de plombé et gluant. Et qui en trouvant à ce revers une variété de formes, de vitesses, de possibilités qu'elle ne se serait pas soupçonnée, se rend compte que c'est encore plus moche et sans issue, comme ça – plus négatif, plus collant, plus impossible de se décoller du sol, de sortir du souterrain sans ciel, au plafond bas.
En sortant de la forme générique – quelque peu, en crevant sa surface, en cassant çà et là sa structure – Salome, décidément, en trouve les profondeurs – celles où ça vaut de s'aventurer mais celles où il ne fait pas bon traîner. Bien sûr : celles où ça vaut de s'aventurer PARCE QUE c'est par là que ça craint de s'attarder, que ce qu'on y trouve n'a rien de beau ni de rassurant. Singulièrement, en jouant plus qu'avant des ruptures, des séquences interrompues (qui reviennent ou non, ensuite), les morceaux de ce Terminal s'impriment davantage dans la mémoire – en riffs, en rythmes, en cycles dont on retient mieux les longueurs, détours, accidents. Les enchaînements, aussi, sont mieux pensés, pour faire plus mal – la fin drone de Master Failure qui débouche d'un coup de tambour sur le riff speedé, presque heavy (mais couleur sale) d'Epidemic, avant que ça s'enlise à nouveau, avec Katz qui fait son C.H.U.D. aux détours des conduits qui fuient. (Faudra que je revoie ce film, un jour... Le souvenir m'en revient tout le temps, ces derniers mois, chaque fois que j'écoute des musiques lourdes aux ambiances confinées, enterrées...). C'est d'ailleurs celui qui me fait basculer chaque fois complètement dans le disque, cet Epidemic – qui se dissout dans les grincements avant de repartir et m'embarquer dans son flot opaque.
Ça ne s'arrange pas ensuite, allez – bien au contraire et tant mieux. « Un accident de l'histoire » (grosse remontée noise, celle-ci, aussi, encore plus, à l'abrupte). Et puis « Le Témoin » – on parie combien qu'il finira zigouillé celui-là, mystérieusement escamoté de ses jours ? On ne parie rien. Ils ne promettent pas. Ce sont nous disent-ils à la fin « Les Incroyants ». OK. Les titres n'en finissent plus. Le disque vous capture et ne vous relâche pas. On ne sait pas trop si on aimerait mieux ou pas s'ennuyer – plutôt que de capter comme ça chaque détail, de guetter la suite sans lassitude.
Après la fin, il va se passer quoi ? (Terminal(e) comme le stade, la phase, l'étape finale ; comme le moniteur – comme dans « garde un œil sur le terminal », aussi ? Eh bien pour le groupe, plus rien, vu qu'ils se sépareront, Katz quittant le groupe en 2011. Pour nous... Il reste cette poignée de disques – deux albums, un split avec Thou. Pas grand-chose, encore, et je le redis : un pas-grand-chose qui à première vue peut n'avoir l'air de rien. Sauf qu'une fois mordu, on y revient – quelque chose comme un inconfort qui nous rappelle, bourdonne dans les oreilles, y loge l'envie d'y retourner. La fin qui s'étire et s'installe. Sludge, on vous dit, doom – des termes qui ne disent rien de très bon, quand on y pense. Et dès lors qu'on y pense : eh bien on remet ça. Et c'est Terminal, alors – en tout cas ici – qui refait surface le plus souvent et qu'on attrape (et réciproquement), en débris qui dérive.
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