Percussions orientales en entrée, je raffole. J’aime le deathrock lorsqu’il est viscéral, qu’il se nourrit d’énergies organiques et c’est ce que je ressens à l’écoute de celui des Espagnols de Malefixio; ce n’est pas l’aspect ‘too punk for goths’ qui ressort chez eux mais le côté gothique au sens pur du terme, celui capable d’évoquer les cérémonies de sorcières dans les collines, l’absinthe, le cinéma expressionniste, les poèmes de Poe ou Baudelaire (et bien d’autres évidemment). Peu d’éléments pourtant mais le groupe sait évoquer beaucoup avec. Comme je l’écrivais au sujet du disque précédent, pas de touche batcave, le deathrock ici, c’est du sérieux, de l’obscurité hantée en barres. La formule ne change pas et personnellement, tant mieux, j’aime cette boîte à rythmes sèche mais tribale, ces guitares stridentes, ces basses sombres et la voix sorcière de Eva LadyStardust, cette énergie obscure et païenne qui rythme les compositions. D’autant qu’à mon sens, le trio maîtrise encore mieux son affaire, sonne plus assuré. Modification d’impression générale également; autant le premier opus m’évoquait quelque chose de souterrain autant celui-ci sonne à ciel ouvert mais de nuit, une véritable bande sonore d’un rituel invocateur pratiqué dans la montagne. Goétie musicale, transe électrique, je me nourris de ces mélodies sombres débarrassées de tout jeu macabre, de toute velléité punk, qui se concentre sur l’essence magique de la vie. Ils ne sont pas légions les groupes européens à porter si vaillamment le flambeau deathrock et c’est regrettable, une bonne raison donc de déguster cette seconde offrande. Je n’ai pas disséqué les morceaux ? Normal, ils sont tous bons, directs mais riches en atmosphères, sans chichis car portés par la pureté d’intention des géniteurs. Qu’il s’agisse de l’inquiétant ‘Las Torres del silencio’, du menaçant ‘La Montaña de Qaf’, du mystique ‘Los djins’ (encore de discrètes touches orientales), du lancinant ‘En Llamas’ (fabuleux lambeaux de guitare) ou encore de la pêche dansante de ‘Chak chak’, ‘Eter’ (les choeurs en arrière-plan, miam), rien n’est à jeter sur un disque (à l'esthétisme soigné une fois encore) s’inscrivant dans la continuité du précédent en portant le voyage un pas plus loin.