Je suis parfois quelqu’un de contradictoire; le premier à fustiger les gardiens du temple, j’agis pourtant comme tel plus souvent que je ne le souhaiterais. Ainsi quand je tombe sur le type de listes ’15 nouveaux groupes goths que vous devez découvrir’ avec les petites piques d’usage comme quoi le genre a évolué et blah blah, pour y trouver des formations telles que She Past Away, Vandal Moon, Molchat Doma… Ouais, les crétins, commencez par vous renseigner sur le sens originel du terme et apprenez que c’est pas parce que la majorité des goths aiment la new wave qu’ils faut cataloguer chaque nouveau combo new wave comme ‘gothique’, surtout que les susmentionnés n’ont jamais revendiqué pareil label. Molchat Doma, on en parle ? Pourquoi pas, puisqu’on on est là. Le truc sympa avec ces Biélorusses, c’est qu’à l’instar de She past away ou Kælan Mikla, ils se sont glanés une petite réputation internationale en chantant pourtant dans leur langue natale. Ca ne s’est pas fait tout seul, il a fallu passer par des petites labels, des cassettes, circuler sur les réseaux et tout le toutim avant que le label Sacred Bones n’ait la bonne idée de rééditer tout ça en qualité plus optimale, avec distribution adaptée. Il est clair que le trio est fortement inspiré par la new wave synthétique et la cold wave; pour qui connaît un peu l’histoire de la musique, on constate que ces influences viennent des deux côtés du Rideau du Fer. Il y a en effet une touche 80’s de l’Est (nooooooooon ? Des Biélorusses ? Quel scoop !) marquée pour le côté dansant, très pop, avec sonorités synthétiques mais pas que… Selon les chansons, c’est une tonalité plus grise, voire sombre, qui s’invite (‘Не Смешно / Ne Smeshno’, ‘Обречен / Obrechen’); généralement, les synthés se retirent pour laisser la place à des guitares froides. La touche new wave sait aussi se dévoiler plus ample (l’excellent tube ‘Утонуть / Utonut’ avec son thème de clavier sexy as fuck, très pop eighties). Le chant de Yegor Shkutko s’adapte tel un caméléon aux différentes ambiances, se faisant tout à tour grave, sombre, ironique, léger selon les besoins. Malgré la diversité des approches, le disque sonne cohérent de par une production vintage revendiquée, le groupe ayant échantillonné des sonorités de boîtes Linn LM-1, une pionnière, et usant de machines telles que le Yamaha DX7 ou le Roland Alpha Juno-2. ‘Монумент/Monument’ aurait pu sortir dans les années 80, c’est évident, version grise sans hédonisme, frange coiffée plus que cheveux crêpés… 4,5/6