Vous êtes ici › Les groupes / artistesEEnslaved › RIITIIR

Enslaved › RIITIIR

cd 1 • 8 titres • 67:18 min

  • 1Thoughts Like Hammers
  • 2Death In The Eyes Of Dawn
  • 3Veilburner
  • 4Roots Of The Mountain
  • 5Riitiir
  • 6Materal
  • 7Storm Of Memories
  • 8Forsaken

informations

line up

Cato Bekkevold (batterie), Ivar Bjørnson (guitare, synthétiseur, effets), Grutle Kjellson (basse, voix, effets), Herbrand Larsen (chant, claviers, orgue), Ice Dale (guitare), Iver Sandøy (basse, effets, percussions)

chronique

Vaisseau Enslaved s'envole à travers l'étendue infinie des fjords, suivant l'appel des forces élémentaires dans la mélodie, mué par sa vaste expérience des ponts, des passerelles, du Bifröst, des sauts de ravin par le spirituel du guerrier-voyageur (viking), autant de bonds entre les dimensions du planant et du tellurique. Enslaved emporte dans son énième rêve-tempête, charriant ses piquants d'armure dans son mouvement gracieux, une drache d'échardes dans le sillage de son drakkar ailé. Son RIITIIR est source d'une musique animée par les éléments et les saisons, fougueuse, ferrugineuse, liquide. En perpétuel mouvement. RIITIIR s'exprime comme l'eau sous toutes ses formes, surtout vives, vivifiantes. Jusqu'à son final "synthétisaurore" traversé par un vent polaire immémorial, avant de s'évanouir dans le murmure et les brumes, portant RIITIIR plus loin que les plus lointaines berges foulées par Enslaved au cours de ses précédentes expéditions...

Ce "Forsaken" envoûteur, sublime, qui restera gravé dans ma mémoire, point d'orgue onirique ancré dans une étendue gelée infinie sous le zénith, avec ses fascinants claviers montés comme une omelette norvégienne, plus cosmiques-occultes qu'un Tangerine Goblin, qui accueillent dans un cercle supérieur de conscience, après ce long collier de charges conquérantes et de reliefs rogues... Avant ? Je ne sais pas très bien ce qui se passe avant cette révélation, sinon que c'est souvent grand, possédé ("Death In The Eyes Of Dawn", "Materal"), austère comme l'érosion des rochers, héroïque comme ceux qui les gravissent. Et que j'y grelote en ayant chaud comme quand j'ai grosse grippe, car RIITIIR bout dans le glacier, et du permafrost aux cieux. Enslaved touille rage et plénitude dans le grand chaudron, ça déborde en coulures solaires et ténébreuses, albinos et ébènes telles les teintes de ces mains peintes. Ardeur et douceur se confondent, la fureur fuit entre les doigts, un regard impavide perce le casque fendu, cherchant un repère dans l'infini, scrutant un signe à travers la canopée. Bataille féroce sous un ciel étoilé, songes qui longent le tumulte - "Les Pensées comme des Marteaux"... Et les armes sont aussi tranchantes que l'horizon est flou, comme ces guitares cinglantes dans un paysage immaculé. Des peaux tatouées par le feu et l'acier, des corps enchevêtrés dans la neige et la terre. RIITIIR est de ces albums (Enslaved est de ces groupes) qu'il semble vain de vouloir décrire avec exactitude : il se ressent avant tout, sa musique est une chose qui nous traverse. Labyrinthique, dense, protéiforme autant qu'instinctive, elle est souvent insaisissable, mais son son nous tient yeux grands ouverts, on en ressent à fond chaque crête, brèche, en palpe avec gourmandise la diaprure, tous sens en éveil maximal. Tout y semble couler, flux sans début ni fin précis, sans frontières infranchissables, expression d'un cycle naturel symbolisé par cet énigmatique palindrome runique : RIITIIЯ.

Un metal explorateur en continuel jaillissement, tressé d'embruns, de bourrasques, de visions magiques - "Tempête de Souvenirs" - de martèlement pierreux et de riffs qui vous lardent les joues comme du grésil, en même temps que d'harmonies aériennes et ultra-soyeuses dignes d'elfes naïfs... À la fois laiteux et rugueux, céleste et chthonien, tel ce sentiment "sucré-salé" provoqué par le chant new wave diaphane de la couleuvre Larsen et le râle black-metal desséché de la vipère Kjellson, entrelacés dans ce flux... On pourra y percevoir aussi bien du prog que du sympho ou power metal, qu'une rouille étincelante, pourquoi pas ici une brève clairière folklorique, dans les racines de la montagne... La confusion de toutes ces escales dans un même périple, constellé de gravats et d'astres, de lumière et de cendres. Voyage d'albâtre et d'obsidienne dans le torrent des éléments enchaînés.

note       Publiée le mardi 27 décembre 2022

Dans le même esprit, Raven vous recommande...

Darkthrone - Astral Fortress

Darkthrone
Astral Fortress

moins épuisant, plus pépère et grisâtre, mais un même amour du metal sauvage et du synthétiseur antique

dernières écoutes

Connectez-vous pour signaler que vous écoutez "RIITIIR" en ce moment.

tags

Connectez-vous pour ajouter un tag sur "RIITIIR".

notes

Note moyenne        10 votes

Connectez-vous ajouter une note sur "RIITIIR".

commentaires

Connectez-vous pour ajouter un commentaire sur "RIITIIR".

born to gulo Envoyez un message privé àborn to gulo

Marrant que tu parles d'Opeth, car j'ai le même rapport avec les mélodies en voix claire des deux : un coup c'est la grâce absolue, un coup je rend le dernier repas. Mais je suis d'accord que, pour le coup, je fais une hiérarchie entre les deux groupes, et tu devines laquelle. J'avais d'ailleurs rêvé une nuit que je découvrais un album d'Opeth d'une élégance céleste renversante comme ils n'en avaient jamais osé rêvé ni moi non plus, un truc à tomber par terre en éclatant de rire de joie incrédule, tout ça ; regretté amèrement à mon réveil de m'apercevoir que ce disque n'existait pas... avant de finalement piger que j'avais juste rêvé que j'écoutais RIITIIR. True story.

Note donnée au disque :       
Int Envoyez un message privé àInt

Un 6 boules de plus, en effet, parce que j'ai toujours adoré ce groupe, mais j'ai fini par lâcher leur disco après Isa, par ignorance et par snobisme idiot... J'ai eu l'impression qu'ils s'en allaient dans une direction qui m'intéresserait pas, une sorte de black rock prog sans émotion à la Opeth (et je déteste Opeth), alors je leur ai jamais vraiment donné leur chance. Heureusement que la super chro de Raven m'a donné envie de retenter sérieusement : leur psychédélisme mystique prend totalement, viking prog ouais, mais épique, intense, vrai, habité, runesque et iodé. J'avais pas entendu un truc comme ça depuis, mmmh, les grands Primordial (j'ose)

Message édité le 06-01-2023 à 19:13 par Int

Note donnée au disque :       
born to gulo Envoyez un message privé àborn to gulo

"Je suis chagrin", comme on disait en je sais plus combien. J'insiste, du coup : pour bibi y a que Mardraum, à cette hauteur là. Pourtant j'aime beaucoup Vertebrae (enfin, moins qu'à sa sortie), et Monumension et Below the Lights... et Utgard, aussi, tiens : beaucoup beaucoup.

Isa, en revanche, il fait partie de ceux qui me passent totalement au-dessus, voire me collent un peu la gerbe mélodiquement, comme Axioma et In Truc.

Message édité le 06-01-2023 à 19:01 par born to gulo

Note donnée au disque :       
Ultimex Envoyez un message privé àUltimex

L'aurait bien mérité ses 6 boules les doigts dans le nez si, en face, il n'y avait eu Isa et Vertebrae.

Message édité le 06-01-2023 à 20:02 par Ultimex

Note donnée au disque :       
born to gulo Envoyez un message privé àborn to gulo

Enfin la team 6 boules s'agrandit.

Note donnée au disque :