Noël, le parfait moment pour parler de plaisir, non ? A ben non, l’immaculée conception, toussa… Merde, je suis lancé, tant pis. 1992, une année dans ce début des 90’s où le soft porn s’impose sous des atours éducatifs, voire ludiques (Dr Ruth, jeu de plateau), l’année où sort ‘The Sara Dale’s massage’. Auto-proclamée ‘thérapeute de guérison manuelle’, elle produit donc une VHS de boules déguisée en cours de massage sensuel pour laquelle la musique est composée par Coil (bah oui, Pierre Bachelet a bien co-écrit celle de ‘Gwendoline’). Vingt-huit ans plus tard, cette B.O. est enfin disponible grâce au label Infinite Fog dans son intégralité (apparemment certaines pièces étaient disponibles depuis 2019 sur ‘The Sound of musick’) avec des bonus. Les descriptions glanées étaient relativement peu sexy (new age, disco…) mais bon, on parle de Coil et à mon corps (mon esprit aussi) consentant, je dois dire que s’écouter ce truc te met dans un état de bien-être assez incroyable. Il faut bien sûr se détacher de toute image érotique parce que je vois pas trop le lien entre cette musique et une quelconque dimension sexuelle mais elle dégage assurément une atmosphère vraiment particulière peut-être justement car elle ne correspond pas à ce que l’on attendrait. Les sonorités peuvent sonner légèrement datées (post-80’s), spatiales, mais difficile de résister à la douceur mélancolique et sensuelle de ‘Sara’s Dale massage 1’ enrichi d’une belle guitare acoustique simple. Le volet 2 pourrait nous préparer à une forme de copulation dans un espace qui serait du liquide amniotique quant au 3, il est exact qu’il sonne un peu Pink Floyd du pauvre version new age avec chant d’oiseau et jeu de gratte un chouia maladroit; croyez-le ou non, c’est mieux ainsi. Le groupe, comme c’était prévisible, travaille beaucoup les mêmes axes mélodiques en les déformant, les adoucissant, les développant au travers de jeux d’échos, de percussions affriolantes, de nappes cosmiques, d’arpèges. Le ‘happy end’ pourrait même passer en boîte avec son drôle de breakbeat lent, son dépouillement inattendu. Les inédits sonnent nettement plus expérimentaux et psychédéliques, ce qui confirme leur nécessité sur ce disque (le quasi tribal ‘Gatamalo’, par exemple). Suivent trois pièces du ‘Blue’ de Derek Jarman franchement dansantes mais dans un groove 90’s qui a bien vieilli, la dernière se présentant comme une forme de medley de onze minutes avec un morceau baptisé ‘The hills are alive’ témoignant du goût de Coil pour les expérimentations offertes par la techno, la trance (avant que ces styles ne se diluent dans le ‘tout public’). Un disque au final pas si mineur que ça, assez riche et offrant un des multiples aspects de cette formation tellement atypique qu’il faudrait lui inventer un adjectif. Niveau sexe, par contre, ça va pas vous conduire bien loin niveau paluche…