Blooding Mask › Autopsy of a dream

Maethelyiah sait chanter, c’est un fait, et plutôt bien mais ça ne m’aide pas tellement quant à la compréhension de l’évolution de Blooding Mask. Pour celles et ceux ayant loupé un épisode que je n’ai pas proposé, les deux premiers disques forment une entité particulière, le projet étant devenu l’apanage exclusif de Maethelyiah qui l’avait fait évoluer dans une voie radicalement différente sur les troisième et quatrième essais. Influences de l’occultisme, de l’opéra, de la pop, de l’avant-garde, elle décrit Blooding Mask comme une devinette sonore et n’a pas tort. Pas évident du tout franchement de se situer et de saisir la portée de cet OVNI. Pour être honnête, de savoir que son compagnon (mari ?) Paul Nash (The Danse Society) avait rejoint le projet avait stimulé mon intérêt quand il s’était agi de pré-commander ce cinquième opus. Maintenant qu’il est mien (envoyé dans un magnifique emballage cacheté, avec petit mot adorable, on sent les gens de goût qui apprécient de faire les choses avec soin), je suis désarçonné quant à quoi en dire si ce n’est que ça part dans toutes directions. Le chant demeure la pierre de voûte avec des moments précieux (le prenant ‘Dragon tears’, mystique et souterrain ), d’autres plus expérimentaux (‘Back to the crime scene’, comme si Kirlian Camera avait composé une b.o. pour le Fantôme de l’Opéra, le jouissif ‘Santa muerte’ avec son final tendu et grinçant), simplement beaux et graves (‘The speed of love’ qui plaira aux amateurs de Siouxsie) mais aussi, hélas, cohabitant avec des impressions nettement plus kitsch comme ‘Agnostici numeri’ (trop Rondo Veneziano pour être honnête; rien à dire sur le chant d’opéra mais la musique electro-gogoth se marie mal avec; réservé aux fans de Lacrimosa et dans ma bouche, c’est pas un compliment) ou franchement ridicules (‘Ishtar and Hastur’ sur lequel les aboiement humano-canins rauques tombent complètement à plat). Franchement, c’est pas évident de se diriger dans cette cohabitation d’expérimentations organiques, électriques, d’electro cheap, de moments pop profonds à la Kate Bush (‘Stone marble cold’), de dark wave sombre (‘Join me’) ou de couches vocales. Ce qui n’aide pas, c’est que le disque n’est pas spécialement rythmé et qu’il est quand même plein de chansons. J’essaie aussi de trouver un fil rouge quant à l’agencement de ces compositions mais n’en trouve guère. Jugement forcément subjectif; certains y verront un avant-gardisme net et bien que je sois plutôt bon public dans le domaine, j’y décèle plutôt un manque totale de lignes directrices, une maladresse d’agencement qui culmine au final en un disque clairement pas dénué de qualités, avec des moments vraiment forts, mais noyés dans une ribambelle de sonorités lambda, de constructions ennuyeuses et longuettes, manquant de punch sur la durée et où il est parfois peu évident de saisir l’émotion qui devrait se dégager. C’est d’autant plus dommage que sur quelques morceaux, la magie opère sans la moindre hésitation (‘Divide e impera’, ‘Dragon tears’, ‘Join me’, ‘Santa muerte’ ou encore ‘Back to the crime scene’…) mais inutile de celer que ‘Autopsy of a dream’ est aussi peu évident à s’envoyer d’une traite qu’un panetone aux fruits confits