Quand on prend le temps de revenir aux fondamentaux il faut, quand on s'intéresse au métal extrême, rester un bon moment collé aux années 1980, c'est comme ça, ce n'est pas un argument marketing, c'est juste : la réalité de ces mouvements musicaux et culturels sortis de la bouche enflammée du heavy metal et des narines blanchies par la... poussière du punk rock. Parmi les pépites de ces années-là, celles sorties par la tendre et perfide Albion font évidemment partie du panthéon du pandémonium pardon des "leaders, not followers" birminghamiens comme le disait l'autre. Sacrilege y a son trône parmi les Anciens, un cul sur la chaise crust, l'autre sur le tabouret thrash ou crossover à la limite, et a sur leur premier album donné à voir comment il fallait écrire une pièce sombre de musique mélangeant heavy ou thrash metal et hardcore punk ou crust punk. Le tout dans une ambiance apocalyptique, avec des paroles lorgnant vers la fantasy, l'idée de vengeance, d'iniquité sociale, de violence propre aux sociétés humaines, de la haine pure et auto-destructrice, révélant une certaine obsession sur la destinée fatale des enfants en particulier... Ce court album fait vraiment le tour de la question dans le style, est sacrément emballant, headbanguant à souhait, le chant mégapunk de Tam poussant au crime de mosh majestueux, les gros riffs thrashou vous montrant la voie vers un imaginaire dystopique à la Mad Max inspiré de faits réels devenant bien trop banals, bien trop habituels... Sacrilege s'éloignera de ce style pour se concentrer vers le thrash puis le doom, et je trouve que c'est sur ce "Behind the Realms of Madness" sorti sur un label punk mais débordant allégrement ce genre précis qu'il saura ravir ce qui est épique dans le thrash mystique à la "Ride the Lightning", la noirceur post-société d'Amebix et la rage punk et death de tous ces groupes Earache des origines... à vous de voir, mais si vous vous retrouvez là-dedans n'hésitez pas à frotter votre mohawk verte sur les rééditions récentes, souvent accompagnés d'autres bouts de leurs débuts de carrière en bonus car vous y retrouverez les chants primordiaux de la révolte bruyante et fantasmagorique, celles de l'Angleterre prolétaire qui fait la tronche, qui jamais non plus sera amputée de sa lucidité face à la merde de la vie tout en exprimant tout cela de la manière la plus fantasque possible !