Valborg › Endstrand

Quand il s'agit d'intimider par le piétinement, nul n'égale l'allemand. Mais là, Valborg ont un peu trop pris au pied (...) de la lettre cette maxime. Bon sang de blut, cet Endstrand est comme un rhinocéros de corrida, il fonce avec une idée en tête baissée. Basique, mécanique. Martial, glacial, mais avare en onirisme, pour qui a tâté du Valborg en long en large et en travers (de porc) depuis les collines animées de Glorification of Pain ! Rien que la pochette "EBM-death" avec son singulier crâne syphilitique aux narines-trous-de-boule-de-bowling, coiffé d'un casque napoléonien - inspiré, me dit-on dans le talkie-walkie, par la coupe de Frau Glagla sur The Fame Monster, mais j'ai un doute - donne une fois n'est pas bitume une certaine idée du contenu, à savoir : totalitarisme, maximalisme, brutalisme, enfin "dans ta face ma krösse musique teutonne ach", avec un son-carapace rèche et des lignes droites. "SOPHISTICATED PRIVITIVISM", dit leur beau backpatch mettant à l'honneur la pochette d'Endstrand. Cet oxymore savoureux collait fort bien au Valborg d'avant, ce grand barbare baron vampire, guerrier rêveur et raffiné, ce groupe de metal à l'esthétique la plus magnétiquement singulière depuis Voivod... mais leur nouvelle formule m'inspire plus un "MECHANICHAL BOURRINISM". Et la vision d'un ED-209, menaçant, rugissant et chargé à bloc, mais qu'il vaut mieux éviter de faire passer par l'escalier. Valborg réduit à l'os du metalindus, lobotomécanisé. Que c'est-il passé après le Nekromantik ? Qu'est-il arrivé après l'Antre ? L'angoisse de la page blanche. Solution : remplir l'espace vierge au gros marqueur noir indélébile. En faisant son gros griboullis monochrome comme un Robocop Soulages joué par Dolph Lundgren : carré par carré, ligne par ligne. Mazouter l'espace libre, jusque dans ses moindres interstices. Valborg sont allé au bout de leur trip gothique, avec ce Romantik dont on ne peut vraiment revenir indemne... Arrivés dans la caverne sans retour. Ils décident donc de continuer leur discographie en suivant un seul principe : BOURRINER. Percer le mur avec l'excavatrice. Parce que si Endstrand n'a pas l'ambiance des précédents, loin s'en faut, pour bien faire des gros trous dans le sol et dans les parois, il est pas le dernier de la crasse. Seul reste de leur croisade gothique, écho de la grande goule : "Bunkerluft", splendide... et pour le reste, il y a motoculteur mastertracteur, à l'image de "Blit am eisen" ou "Plasmabrand" qui ruent comme du Motör-Joke des familles (toutes passées au lance-flammes façon Vieux Fusil). Si Endstrand est incontestablement leur album le plus dur et direct, il est aussi le moins passionnant. Le Valborg göthik est mort : place au Valborg mötörik. Gränitik. Archaïk. Un gros tas de ferraille voué à broyer du caillou, tel un Unsane privé de groove et condamné à la mine. Concasseur ou casse-couilles, selon votre degré d'exigence. Il se dégage de ce disque mineur (aussi car foreur, donc) une coriace impression de machine rustaude, rouillée, n'ayant qu'un seul gros bouton, une seule et unique fonction. Et pour du Valborg, c'est un peu peu. Comme dirait le teuton dépité : "schleugneugneu"... mais comme dirait le kanadien enragé : "RRRÖÖÖAAARRR".