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Pop. 1280 › Way Station

cd 1 • 11 titres • 39:26 min

  • 1Boom Operator
  • 2Under Duress
  • 3The Convoy
  • 4Doves
  • 5Hospice
  • 6Monument
  • 7Empathetics
  • 8Leading The Spider On
  • 9The Deserter
  • 10Home Sweet Hole
  • 11Secret Rendezvous

informations

line up

Chris Bug (chant, samples, synthétiseur), Ivan Drip (guitare, percussions, synthétiseurs, piano), Matthew Hord (synthétiseur)

chronique

Hagard. J'ai toujours été fasciné par ce mot : "Hagard". Il ressemble à "Hangar". Cette zique au son aussi sordide que saillant m'a mené, hagard, hors du hangar, suivant les zigues dans la pochette. Rôdant dans le gris aveuglant d'un hiver face Atlantique, maintenus en tension par des synthétiseurs de transformateur électrique. Affamés de spleen, avec l'acuité du serpent réveillé de sous sa grosse pierre, agressé par la lumière crue... Réduits à trois, dans l'aube déambulant, avides de vent froid dans les poumons, comme d'espace dans leurs chansons. Et surtout de romantisme corbeau "à l'ancienne", comme la moutarde qui leur monte toujours au nez lorsqu'ils lâchent les chiens à punks. New York, cette Gotham City camouflée dans la réalité, a encore recraché un beau morceau de déprime en mélodies. Bien amer, bien blafard. Joué par trois corbeaux hirsutes, ultra-lucides, et toujours prêts à faire la tête au carré, mais ici surtout à foutre les boules. Parés à toute forme de cafard : le petit qui sprinte par peur de se faire écraser d'un coup de cacheton, le moyen qui grignote tout ce qu'il y a dans le placard sans jamais se faire griller, ou le gros qui bouffe l'humeur entière, laissant un trou béant à la place. Parce que leur musique sur Way Station pue le vide existentiel, celui des vraies gueules de bois d'adulte, lestées par cette certitude morne mais tenace que les journées vont se ressembler de plus en plus et avoir de moins en moins d'arôme. On sait pas trop ce qui s'est passé avant ce matin gelé, mais c'était moche, et Pop.1280 sont désormais dehors, à bouffer de l'iode pulvérisé. Ils se les pèlent comme leurs claviers, ont le cœur rouillé. Cueillis par le froid intense du présent, ressentant ses éléments dans toute leur pâle horreur, avec cette pulsation comme le sang qui tape les tempes. La ville était leur zone, ils l'avaient lézardée, encore jeunes, hier soir... Mais ce matin, ils sont vieux, et c'est l'heure du terrain vague de banlieue triste, de l'épave de cargo échoué qui leur servira de studio. Déjà agressifs et aigres, Pop.1280 y ont ajouté la profondeur. Ils peuvent à présent regarder leur musique, la faire marner, nous laisser macérer dedans. Ils savent encore rentrer dans le lard, ruer dans les brancards, sur rythmes mono-maniaques à se taper la tête contre le capot de la bagnole jusqu'au sang comme Dewaere dans ce film, oh oui : mais ils nous mâchent bien avant sur les morceaux lents. Ici plus réussis que sur le précédent (même si "The Deserter" est du pur remplissage). Charisme de corbac-rockeur saisi à pleines pognes. Le gothique au goût de plomb, le blues de ce plomb. Le gothique urbain le plus grimaçant et acide, sortant le couteau-papillon de son perfecto craquelé. Avec des morceaux aux titres transparents comme "Sous la Contrainte" (taillée pour une vie celle-là, avec son synthé qui pue l'hôpital de nuit, en vraierité je vous le dis) "Hospice" (sacrée saloperie aussi celle-là), ou "Home Sweet Hole" (obsède-hante), jusqu'à ce slow final tout rance, crescendo-précipice, corridor blême et pisseux au bout duquel il n'y aura rien, sinon la certitude qu'on a encore grillé une journée. Sinistre donc, souvent sublime, parfois un peu pénible passées les premières écoutes bouche bée-bouche d'égout, Way Station chavire puis laisse un peu dèg, c'est comme ça, la la-la la-la, comme chantait la Catoche. Mais ce trouduc de sportif numéro un du lycée qui t'as dit que les goths étaient des loques geignardes, va assurément se prendre un sale coup de schlasse dans l'abdomen. C'est grossier ? Bien sûr, parce que c'est du goth de loubards de Brooklyn, de zonards qui ne veulent pas diluer leur venin. C'est pas fait pour être subtil. Et si on peut en pointer les grosses ficelles, on en est surtout le pantin.

note       Publiée le samedi 3 décembre 2022

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Note moyenne        4 votes

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born to gulo Envoyez un message privé àborn to gulo

Quelque chose me gêne toujours un peu, décidément, pour le maxi-bouler - malgré l'envie, réelle et venant du même facteur : une certaine outrance, un too much quasi metal, dans cette darquenesse à fond les ballons mêlant Sisters et Virgin Prunes. Ca passe crème - mais crème épaisse. On ressort de l'écoute avec des bourrelets de gothisme, un peu, et des morceaux coincés entre les dents.

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born to gulo Envoyez un message privé àborn to gulo

J'y vois trois pauvres gonzes qui viennent d'être recrachés par le centre de la terre (c'est ça, de trop s'enfoncer dans l'underground)... sur un rocher de merde au large de l'Islande. Maximum louse. Ah t'en veux de la cold wave ? Té ! Et je les imagine bien enfarinés, comme de juste. Groggy. Hagar-hagar en force, tu l'as dit bouffi.

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Raven Envoyez un message privé àRaven
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Elle joue autant dans l'ambiance du disque que les synthés, c'est certain. L'errance à la Naked des 3 goths nickelés, le rocher en forme de cercueil, et cette absence d'horizon...

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born to gulo Envoyez un message privé àborn to gulo

La pochette est très wander by mistake, en tous cas, oui : cette paume de l'enfer <3

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Raven Envoyez un message privé àRaven
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"Some Drugs Wander by Mistake" , eh ?

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