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Diamanda Galás › Broken Gargoyles

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Membre Note Date
Shelleyan      vendredi 25 novembre 2022 - 21:37
Klarinetthor      lundi 28 novembre 2022 - 09:06

cd • 2 titres

  • 1Mutilatus
  • 2Abiectio

informations

Grotowski Instituyt, Wrocław, Pologne; Singing Serpent, New-York, USA.

https://diamandagalas.bandcamp.com/

line up

Diamanda Galás (chant, piano), Daniel Neumann (sonorités, effets, programmations)

chronique

Ce n’est pas le Diable qu’il faut craindre mais la Peur; comme l’écrivait si justement Maupassant: ‘La peur (et les hommes les plus hardis peuvent avoir peur), c'est quelque chose d'effroyable, une sensation atroce, comme une décomposition de l'âme, un spasme affreux de la pensée et du coeur, dont le souvenir seul donne des frissons d’angoisse…’ sauf que Maupassant n’avait jamais écouté Diamanda Galas. ‘Broken Gargoyles’, c’est une visite des Enfers, rien de moins. L’ancienne étudiante en biochimie, la ‘Diva des possédés’, comme on l’appelle, n’est pas de celles qui mettent de l’eau dans leur vin en vieillissant, au contraire, elle en tète la lie. Divisé en deux parties qui alternent entre le prêche et la pièce radiophonique (vous êtes trop jeunes pour avoir connu ces trucs flippants qui stimulent l’imaginaire glauque de gamins terrorisés mais fascinés ? Pas moi), ce cd prouve que même en restant sobre, Mme Galas est capable de te glacer d’effroi jusqu’à la moelle. La partie I débute par des nappes vocales inquiétantes mais sans excès sous lesquelles on devine un abîme rougeoyant exprimé au travers de sonorités basses, de touches de piano répercutées par réverbération, avant que quelques tintements de clochette sacerdotale n’annoncent une nappe lourde sur laquelle vie se poser une récitation en allemand d’un glauque absolument terrifiant comme si les trois sorcières de Mcbeth étaient réunies en une entité possédée, le tout soutenu par des hurlements en arrière-fond, une fois encore sans excès, c’est pire. Sans parlement de rebondissements, la trame va subir des distorsions, des retombées de tension (jamais de noirceur), voir les grondements s’amplifier, s’évanouir pour faire place à un piano qui étrangement semble avoir égaré toute les notes aigües de sa gamme. Cette récitation femelle (difficile d’user de mots humains) monte imperceptiblement dans le glauque absolu, comme si ce timbre infernal se fractionnait lui-même en démons. Toi qui écoute la deuxième partie, abandonne tout espoir. Les froufroutements de grincement, les accords funèbres, les gargarismes de Méduse tentant de vomir ses serpents, te feront vite comprendre que la pièce précédente n’était qu’une anti-chambre. Toujours cette narration terrifiante évoluant au travers d’une trame constituée de bruits, de râles d’âmes damnées, de moqueries de succubes prêts à te pomper la bite et le coeur pour vomir tes liquides vitaux dans le grand chaudron sous-terrain. On croyait connaître DIamanda Galas, elle montre qu’elle peut gratter encore plus profond sous les bubons… Satan a trouvé sa parfaite prêtresse… Sauf que non, une fois encore ce que dénonce Diamanda Galas est hélas terriblement humain puisque son travail se base sur les écrits du poète allemand Georg Heym, fils d’un assistant dans une clinique qui écrivit sur le sort et les horreurs subis par des soldats mutilés, des invalides souffrant le martyre suite à leurs blessures physiques et psychiques au cours de la Premières Guerre Mondiale. Mis en musiques et interprétés dans un lieu terrible, une ancienne quarantaine pour lépreux à Hanovre, ces mots vomis, exorcisés plus que déclamés constituent peut-être l’un des plaidoyers les plus virulents contre la cruauté humaine. Oui, ces hommes-là ont vu l’Enfer s’entrebâiller et la Peur leur a chatouillé l’âme à les en rendre fous. Peut-être le travail le plus glaçant de la Diva mais aussi son plus émouvant. Âmes sensible s’abstenir…

note       Publiée le vendredi 25 novembre 2022

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Procrastin Envoyez un message privé àProcrastin

De ma seule écoute pour le moment, ça vient grattouiller dans l'envers et c'est assez prenant mais on n'est pas non plus projeté au milieu. Ya un coté très vaporeux dans l'ensemble, plus comme des échos de visions, comme un rite mémoriel qu'une véritable visite. Dans un registre proche le Inanna d'Helga Pogatschar m'a beaucoup plus saisi. C'est probablement aussi du en parti au manque de respiration dedans, ce qui fait qu'une fois qu'on s'y abandonne ya une plus une sensation d'être entoilé et spectateur dans la narration de la guenaude qu'une mise en danger.

born to gulo Envoyez un message privé àborn to gulo

Purée, y avait bien longtemps qu'elle m'avait pas autant foutu les foies, ça rajeunit :)))

Je sais pas si je l'avais déjà entendue en allemand. Ça lui... réussit, si l'on peut dire.

Message édité le 28-11-2022 à 15:55 par born to gulo