Just Mustard › Wednesday

Just Mustard ? Le groupe nous vient étrangement d'Irlande, un peu plus au Nord que Dijon (un peu moins au Sud, si vous habitez en Islande). Voici ce que nous dit leur chanteuse Katie au sujet de l'origine de leur nom : "Aucun de nous ne sait avec certitude d'où vient le nom du groupe..." Merci, Katie. Mystère et boule de gaze, peut-être un dîner (de cons ?) ou une partie de Cluedo, pourquoi pas une prophécie d'oracle quant à l'effroyable pénurie de condiment qui marqua l'année 2022, allez donc savoir ma bonne dame Wiki, mais l'essentiel est là : c'est grotesque mais c'est insolite et ça interpelle suffisament, donc c'est un nom de groupe réussi. Just Mustard nous viennent donc d'Irlande, OK dac, mais leur musique n'a que peu d'accointances avec les Corrs et Cranberries. Plutôt avec Cranes - qui ne sont pas irlandais, mais j'y peux rien - c'est leur influence majeure et manifeste, surtout dans le chant doucereusement alison-shawesque de dame Katie. "Boo" d'entrée : voilà une façon de vous cueillir, tout ensuqué-rouillé comme une dionée qui a poussé dans une usine désaffectée, sans opposer aucune résistance à l'ambiance-évidence ! Cette basse, prés-hante comme peu de lignes de basses, post-punk ou grunge ("Pigs", "Pictures"), ce rythme souvent fatigué-magnétique, cette odeur de HTRK en plus Sonic Youth : ça vous colle comme du EVOL, cette ambiance érotico-blasée, ça vous happe et vous traîne tranquillement dans le recoin le plus poisseux et livide du rock alternatif... Et ça grince des dents dans la brume, en humidifiant un peu tous les interstices ("Curtains"). Et puis cette façon de mimer les tempi trip-hop avec une batterie bien basique ("Feeded") ? Cette réverb chaleureusement cold, si ça veut dire quelque chose cette formule chroniconne ? Comment ne pas succomber, un peu beaucoup même si pas (encore) à la folie, sans chercher à analyser, disséquer, quadriller avec ses petites bouboules jaujaunes ? Même si, quand on connaît ce qu'ils feront post-pandémie, on reste un peu sur sa faim avec ce très mignon Wednesday (à coup sûr le personnage de la famille Addams qui colle le mieux à leur humeur). Si j'étais exhaustif de la référence, je citerais la très Pixies chanson éponyme, et si j'étais méchant je vous dirais "arrêtez de me pomper l'air avec vos Breeders tous fadasses, bande d'oreilles indie-ramollies effarouchées par le gothique, et venez un peu ici me goûter ce qu'on peut faire avec trois bêtes instruments de rock et une p'tite voix de femme-enfant quand on a vraiment du talent", mais je ne veux être que bienveillant, partageur, et j'en ai ma claque des name-droppings et de l'agressivité contre-productive... Alors je dirais juste de façon très constructive : écoutez Just Mustard. De préférence de nuit. Vous pourrez ensuite me donner vos hypothèses sur le pourquoi de leur nom, si ça vous titille.