20 minutes de chaos › Addicted

Dans mes pérégrinations, du temps où ça faisait du bien de voir autre chose que les briques d'ici, à savoir le béton de là-bas..., au loin, parmi ces endroits qui ne sont pas d'ici, il y eut Dijon. Dijon, ville pierreuse, à la fois über bourge et unter prolétaire, ça dépend de la rue ; j'ai pu me balader dans les deux zones qui s'entremêlent dans mon souvenir de cette moutardeuse, riche, pauvre, et parfois même anarchiste et punk villasse comme en témoignent les quelques points chauds de cet endroit, et parmi eux on peut même trouver des assomoirs-librairie. Alors que je me pintais donc tranquillement la gueule au milieu des livres et qu'on m'expliquait comment dessiner des timbres sur les cartes postales pour éviter de payer l'affranchissement, je fis une pause et parcourus les disques du coin offerts au chaland. Et là, évidemment, la musique de sauvage m'attira un peu plus l’œil, c'est comme ça, et donc sous les conseils avinés d'un collègue local je posai mon dévolu sur 20 minutes de chaos, parce que déjà le nom du groupe bute, et puis c'est du crust, ça semble être un ensemble localement historique, c'est violent donc ça ne peut pas être mauvais, et ça ne l'est donc pas, parce que c'est du crust oui, mais dans sa forme avec des jolis "lalala" à la guitare et des chants parfois bien chansonnés, et ça ramasse du slogan balancé au micro par deux voix, ça mixe le guttural et le "clair" et ça fait, quand on est planqué à la maison et qu'il n'est que 8 heures du matin, ça fait, je vous le dis : taper du pied. Et puis en plus il y a des samples entre les morceaux, à l'ancienne ! Le crust : ce genre vintage ! Joliment mélodieux et agressif, pour une fois j'apprécie les pâquerettes qui poussent au milieu des trottoirs malfaisants, c'est pas qu'il n'y ait que ça qui m'aille, mais un peu de synthèse c'est bien aussi, comme un chamois au milieu d'une décharge, un slow dans un album de Napalm Death, des poux entre les dents de Claude François. Une tourterelle voletant sous les toits d'une usine. Des addictions à la beauté au milieu du post-moche, "voilà ta mouche Merteuil", du riff, du solo ponctué de grognements. Et puis voilà !