16 › Blaze of Incompetence

Un premier album qui tatane, un deuxième album qui éveille le mammouth qui est en toi, et donc un troisième qui permet de se taper tranquillement la tête contre un mur en écoutant encore une fois des histoires de mecs qui ne font pas les bons choix, par exemple, ce n'est pas un bon choix de se taper la tête contre un mur, de se casser les mains sur scène, de tromper sa femme et se faire choper, de menacer de mort sa propriétaire devant ses enfants, de crasher sa bagnole alors qu'il y a bien indiqué sur la boite qu'il faut éviter de conduire après la prise du médicament, encore plus si on s'est envoyé une bouteille de bourbon pour faire descendre, sans compter les hémorroïdes, les remontées gastriques, les sautes d'humeur, la misanthropie. Et tout ça pourquoi ? Parce que c'est rigolo de voir les gens tout de travers dans la rue, comme sur la pochette de "Blaze of Incompetence". On pourrait bien en prendre de la graine la prochaine fois qu'on fait le fier : regardez-bien en face toutes les merdes qu'on s'est infligé et qu'on a infligé aux autres, et après on regarde bien fort dans le miroir, et après on enregistre des albums de "sludge", c'est à dire des albums de hardcore avec plein de riffs de rock sudiste dedans, plus des hymnes ou slogans hurlés ou murmurés / grognés par Cris Jerue le "frontman foufou, dis donc" comme on aime les voir sur scène lorsqu'on se traine à des concerts pour se persuader que la vie sociale vaut le coup, on verra, on écoutera, on achètera le patche, on regardera le CD de Blaze of Incompetence comme un miroir moche, bien calé entre le deuxième et le chef d'oeuvre "Zoloft Smile", bien à faire la gueule, avec un son proche de leurs gros albums tous ronds, tout arrondis depuis "Drop Out", enfin, n'essayez pas de faire la fine bouche, tout est bon dans 16, même le titre du groupe... même le titre du groupe, on peut se prendre la tête dessus, alors on dit "sixteen" ou "seize" ? Dieciséis ? Spéciale dédicace à toi du passé qui me posa cette question fondamentale, je n'ai toujours pas de réponse, mais je continue à écouter ce groupe, désolé, et je l'appellerai "sixteen", c'est toujours moins imprudent que de chercher les embrouilles en permanence, ce qui, si vous voulez, serait le résumé de cet album, de cette "carrière" : chercher les embrouilles, le regretter, se défoncer histoire de dire qu'on est le plus fier, et puis de toute façon : c'est toujours de la faute des autres, notamment leur incompétence...