Megadeth › Dystopia

En 2016, Megadeth nous sort un successeur au creux et assez insipide "Super collider". Et à l'époque, on nous a ressorti le coup du "c'est l'album du retour aux sources, celui du vieux thrash des années 80-90 ! Megadeth est de retour et ça va faire mal !". Voilà voilà... C'est pas la première fois que ce genre de subterfuge est utilisé pour rebooster l'intérêt envers une ancienne gloire en perte de vitesse. Depuis le précédent album, Megadeth a opéré un changement de taille avec le départ de Chris Broderick et l'arrivée de l'ex-Angra, le Brésilien Kiko Loureiro. Au départ, lors de l'annonce de ce transfert, j'ai trouvé cela un peu incongru vu que le guitariste ne vient pas de la sphère thrash metal et encore plus quand, dans le même temps, on nous annonce un retour aux sources. Bref, à l'époque de la sortie de ce disque, j'étais assez sceptique. Et les premières écoutes ne m'avaient pas spécialement accroché. Au fil du temps, j'ai redonné une chance à ce disque et il faut bien avouer, surtout en comparaison avec les deux précédents albums, que ce "Dystopia" n'est pas mauvais. Je n'irai cependant pas jusqu'à dire qu'il s'agit d'un retour aux sources du groupe en bonne et due forme. Certes, les rythmiques sont plus brutales et le rendu global est plus agressif, mais de là à nous sortir un "Rust in peace 2", on en est loin. On reste sur des schémas de heavy metal US bien modernes, mais avec une bonne dose de guitares agressives et une production plus brute. "The threat is real", "Dystopia" ou "Lying in state" sont des morceaux sympas, bien ficelés qui montrent un Megadeth voulant revenir à un style bien rentre-dedans et c'est quand même vachement positif ! Je dirais en fait que le groupe va doucement dans la bonne direction, c'est plus tranchant, les solos virtuoses de Mustaine et de Loureiro sont bien présents et l'ensemble s'écoute bien. Mais on reste dans un schéma de morceaux plutôt courts assez classique et sans trop de prise de risques non plus. On sent plus d'envie que sur le précédent disque, il n'y a rien à dire. Tout n'est pas parfait, un peu comme sur "Endgame" (qui reste ce que le groupe a fait de mieux entre 2005 et 2015), il manque quelques hits, le morceau qui bute où tu te dis que le Megadeth mythique est de retour. Même si on a encore des compos un peu téléphonées et sans génie ("Look who's talking"), il y a de bons moments et surtout de bonnes cavalcades bien speed. Je vois clairement ce disque comme un album de transition vers quelque chose de plus abouti et réussi, avec un vrai retour au thrash metal agressif. Megadeth évite l'écueil de "Risk", celui de proposer un album qui ne correspond pas à l'ADN du groupe. Dave Mustaine veut renouer avec le succès et il a compris que cela devait passer par un retour au thrash metal des familles. Au final, l'album est bon et montre un Megadeth essayer de remettre sa carrière sur de bons rails parce que jusqu'à présent, le groupe s'enlisait dans des albums passe-partout insipides. La suite va confirmer ce retour !