En 1994, le jeune Rul Delirio officiait dans un combo de hardcore/metal du nom de Furens; vingt-quatre ans plus tard, c’est avec un groupe goth rock qu’il nous propose un album. J’étais plutôt impatient après les singles semés en téléchargement pendant près de deux ans d’acheter enfin du physique. Le goth moyen se questionnera forcément: ‘Deliverance, c’est à cause de The Mission ?’ et en réalité, on s’en fout même s’il est plus que probable que les Mexicains ont écouté ce groupe. Eux connaissent les classiques, sont au fait de leur époque et au clair quant à ce qu’ils souhaitent exprimer, leur musique surfe donc allègrement entre les ingrédients du goth rock de ces diverses périodes selon les besoins de la chanson. Les vocaux peuvent être clairs, légèrement tristes, plus appuyés parfois (‘Tears in the rain’), idem pour les guitares qui aiment à sonner froides ou plus incisives; même les percussions fonctionnent pareil, sonnant parfois très boîte à rythmes (‘Word made flesh’) ou très batterie par moment, le court instrumental ‘Dream Walker’ dégageant même quelque chose de tribal dans ses roulements. Pourquoi ? Car le combo aime varier les ambiances, frisant une cold wave dépouillée (‘Mouth to mouth’) ou flirtant avec du plus musclé (‘White room’, ‘Last days’) et je trouve cela plutôt bien, suffisamment intriguant pour stimuler l’envie d’écoutes. C’est du goth rock mais au sens large de l’étiquette. Niveau hits, le disque offre quelques beaux moments tels que ‘The danger’ (avec Zac Campbell des Kentucky Vampires en guest), ‘Tears in the rain’ ou ‘Echoing’ très dancefloor friendly avec ses volutes de guitare. Quelques défauts, ainsi ‘Little Bird’ un peu brouillon ou le mix inutile de ‘This house again’ mais globalement un bon disque avec suffisamment de personnalité pour ne pas tomber dans les poncifs attendus.