Il fut un temps où l'on pouvait acheter ce qu'on appelait des "singles". Au début, ils étaient vendus sous la forme de shellac 78 tours d'à peu près 10 pouces (anglais), puis on s'est dit "le vinyle c'est mieux, moins cassant que ce pâté de sécrétion d'insectes" et on produisit le "single" pour single song ou tune ou track enfin, y a qu'une chanson quoi, sous la forme cette fois-ci de 45 tours/minutes, 7 pouces de large, parfois 12 pouces pour faire joli dans la discothèque ; le CD et la cassette continuèrent le truc pour vendre plus et moins bien et aujourd'hui, ben aujourd'hui c'est fini ou anecdotique, ce n'est pas ça qui attrape l'auditeur au détour d'une borne d'écoute à Géant Casino ou Leclerc, alias les premiers tueurs de disquaires indépendants bien avant emule et piratebay. Aujourd'hui on "streame" comme on trime, toute la journée les écouteurs vendus à Satan de l'Amazone, ou de la Pomme, ou du Google se fondent dans les oreilles des gueux qui vont mériter leur existence pour faire plaisir à d'autres gens. Mais sur guts on parle de trucs vieux et on l'assume, on aime ça le vieux parce que, déjà, on est vieux, et j'espère qu'on n'est pas seul à, par exemple, écouter des compilations de "faces B" de singles ; parce que la FACE B DU SINGLE c'est le graal du complétiste, du fan, c'est là que réside la pépite qui se cache derrière le tube qui tourne toute la journée à la radio, c'est comme les éditions japonaises à pochette cartonnée en édition limitée quoi. Ce sont parfois les meilleures compilations de certains groupes, je pense à Pixies tout de suite, à The Cure, Nirvana, etc., la liste est longue et belle comme un jour sans hommes politiques. Pour Smashing Pumpkins, c'est pareil, si vous aussi vous appréciez leur deux premiers albums, le son de guitare de mammouth de cette bande de pâles et un poil neuneus "alternatifs" omniprésents sur les ondes et les télés de l'époque, voici "Pisces Iscariot". Y a rien à jeter, quasiment, ici, sur cette compilation de jolies, jolies, très jolies chansons tristes de quand c'était à la mode la tristesse à l'américaine, avec des travelling au ralenti sur des lycéens sortant de cours, le soleil de la Californie grillant les neurones tranquillement de ces désormais quinquagénaires rassis. Regardez-les : ils avaient ce côté un peu bohème un poil métal, un poil shoegaze, un peu bizarre, mais pas trop, souvent énervant et surtout ils produisaient de la mélodie facile à siffler sous la douche après un nouveau râteau de la part de Samantha, la jolie blonde de votre classe de 2nde B ; enfin, ça c'était le passé, Smashing Pumpkins c'est un peu comme Steven Seagal ou un autre acteur de série F qui a perdu son aura pour gagner en ridicule donc laissez tomber tout ce qui est sorti quasiment depuis, écoutez cette compilation de faces E de singles CD (qui n'avaient qu'une face) et autres chutes de fonds de tiroir, successions de produit marketing, mais alternatifs au marketing, donc ça va c'est rebelle, rage contre la machine, révolution ! Regardez comme ça A marché.