Dio › Sacred heart

Dio est entré par la grande porte dans la liste des grands pontes du hard rock des années 80 après deux albums particulièrement acclamés. Sans attendre, voici que déboule un an après "The last in line" ce "Sacred heart". Le groupe reste inchangé, on ne devrait pas être trop dépaysé ! Étrangement pour un album studio, il commence par... un morceau live ! "King of rock and roll" est un véritable morceau de rock agressif et énergique comme il se doit et est enregistré en version live. Là, pour le coup, ça déménage ! Ronnie James est particulièrement en voix et on peut remarquer facilement qu'il est, avec ses comparses, une véritable bête de scène. L'album part sur les chapeaux de roue et on s'imagine qu'on va avoir droit à un troisième album de feu. Et puis, la suite arrive, le morceau-titre, encore en deuxième position, en studio, et là le contraste est saisissant avec un clavier beaucoup plus mis en avant et une production plus propre et léchée, laissant beaucoup moins de place à l'énergie brute comme sur le premier morceau. Dio chante de manière moins agressive, mais tout aussi puissante. Tout de suite, le soufflet du premier morceau tombe assez vite. Dio fait du Dio, du heavy metal mélodique avec une ambiance quasi-mystique qui représente une sorte de marque de fabrique du groupe, mais tout simplement ici, la sauce prend moins, il manque l'intensité des morceaux des deux premiers albums. Aussi, alors qu'avec "Holy diver", on pouvait faire le lien entre les années 70 et les années 80, là, on est en plein dans cette deuxième décennie avec une production se rapprochant du hard rock FM avec ces claviers bien plus présents que par le passé et ces riffs facilement assimilables, mais manquant d'inspiration et d'intensité. L'album recèle de morceaux limite bouches-trous comme "Shoot shoot", "Another lie" ou "Hungry for heaven". Alors bien sûr, ça tient la route quand même, Ronnie James chante incroyablement bien, c'est impressionnant de l'entendre alliant grosse puissance vocale et agressivité mais toujours de manière claire sans jamais crier. Bien que Vivian Campbell ait été plus effacé et moins impliqué durant l'enregistrement de l'album, il délivre quelques beaux moments de bravoure à la guitare avec des solos toujours bien enlevés. C'est souvent sa guitare qui sauve certains morceaux du plantage. Dans l'ensemble, l'album n'est quand même pas mauvais, mais il n'est pas du niveau d'excellence des précédents albums. il manque véritablement de quelques morceaux plus énergiques parce qu'il y a de bonnes idées, de bonnes mélodies, mais elles sont vraiment mal exploitées. La preuve, quand un morceau comme "Just another day" déboule, plus rapide, avec un super solo de guitare, on sent bien le contraste avec le reste, et on se demande pourquoi il n'y a pas plus de titres bien rapides comme celui-là, à l'image du premier morceau. J'ai un peu l'impression que Dio a trouvé son rythme de croisière, son style, mais qu'ici, il n'ait pas réussi à le transcender pour nous sortir des brûlots aussi impressionnants que ceux des deux premiers albums. L'album reste un disque assez classique de heavy metal/hard rock années 80 mais qui reste un bon ton en dessous de ce que le groupe a pu nous servir par le passé. Suite aux tensions entre Ronnie James et Vivian, le guitariste quittera le groupe assez vite pendant la tournée suivant la sortie de ce disque et sera bien vite remplacé. Une nouvelle ère du groupe va débuter...