The Wicker Man ne font pas de la musique celtique, ni classique, encore moins médiévale ou ethnique, ils jouent une musique chamanique en ce sens qu’elle a vocation de guide. Pour celles et ceux qui ont soif de réponses et d’avenir, il faudra apprendre à lire le tarot car les musiciens sont là pour inciter, stimuler, certainement pas pour faire le travail à la place de l’auditeur(trice). Pour celles et ceux ayant visionné le splendide ‘Gothic’ de Ken Russell, rappelez-vous la scène où Mary Shelley, dans son délire, s’imagine dans une pièce ronde entourée de portes dissimulant divers événements de l’avenir, pour les autres visionnez cette salle, quoique avec le ciel nocturne au dessus de la tête, ça fonctionne aussi. Chaque morceau du nouvel album pourrait être une porte s’ouvrant sur un paysage de nature différent; la technique de composition est intéressante en ce sens qu’elle est dépouillée, rarement en continu (breaks, ajout de percussions, instants de recueillements, etc) et laisse souvent un sentiment d’inachevé positif à sa fin. Chaque chanson nous emmène jusqu’à un certain stade émotionnel puis nous y abandonne pour nous laisser seul(e)s avec nos pensées, nos sentiments, qu’il nous faudra creuser par nous mêmes. Le seul fil rouge de cet opus est la voix féminine spectrale qui, telle une fée Morgane, rit (‘Vanaheimr’), chuchote, chantonne, psalmodie, au gré des pièces. Les percussions demeurent l’élément central sur lesquelles se greffent les sonorités selon les émotions recherché(e)s; une fois encore, on en relèvera la qualité, qu’elles sonnent tribales, martiales (‘Svartalfarheim’, Ἄρης’), médiévales, car simples mais efficaces et jamais niaises. Le propos n’est pas de copier mais de transmettre des vérités millénaires qui n’ont nul besoin de contours trop déterminés pour exercer leur magie. La musique de Wicker Man est de celle qu’on peut écouter en jeans noirs, les sens ouverts, nulle nécessité de se vêtir de peau de bête ou de se tracer des peintures rituelles sur le corps (encore que ça ne fasse jamais de mal)… Accents hispaniques, orientaux, celtes, grinçants même (‘Muspellheim’), bruitages, le disque agit comme un révélateur, un stimulateur, comme si l’auditeur(trice) après avoir passé par chaque porte revenait dans la salle de départ en les laissant toutes ouvertes. C’est avec raison que l’on loue aujourd’hui encore la musique de The Moon Lay Hidden Benath A Cloud mais je m’étonne toujours que les aficionados ne se sont pas rué(e)s sur celle de The Wicker Man. Si vous cherchez une musique authentique, originale, moins tapageuse que celle de Wardruna, ‘Yggrdasil’ est pour vous, ce d’autant qu’il inclut en bonus le premier album et un morceau paru sur une compilation.