Anal Blast, c'est un peu le groupe qu'on ne sort pas dans la conversation dans les repas de famille, ou alors peut-être entre un débat sur les antennes 5g et la cocaïnomanie des toreros. Enfin, vous voyez le topo... non ? Ah bon. Enfin, si vous aimez le death grind dégueulasse vous aimerez Anal Blast ; et vous aimerez encore plus ce DVD si votre adolescence a été bercée par les douces voix de Dimebag ou Philou complètement pétés dans les fameuses Vulgar Videos de Pantera ("photocopie du cul *rire à la BeavisButthead*), parce que, sur ce DVD à la sublime pochette qu'on pourrait la mettre comme une sorte de rappel à la réalité des "flux" bleus qu'on voit sur les pubs NANA, vous aurez votre dose, je dirais votre overdose de gras, de cul, de caca, de défonce, de concerts au son pourri dans des caves, des bars, des entrepôts entre le milieu des années 90 et 2000, filmé au caméscope, ça enchaine, y a pas vraiment de moment plus grand qu'un autre, la star demeurant du début à la fin l'homme de la situation c'est à dire le chanteur, le pilier du groupe, le gros, l'énorme et on va dire pantagruélique Don Decker, patron du label Nightfall Terrorizer Records, pilier des scènes metal extrême de la ville de Prince, dont la vie courte n'a pas été dictée par le respect des règles élémentaires d'hygiène corporelle ou mentale. Le DVD commence sans transition par un micro dans le fondement d'une jeune femme sur scène, et ça enchaine avec des extraits de concerts et autres "tranches de vie" (faisandées) au son pourrave, lors de tournées qu'on imagine à perte et très courtes "à la Anal Cunt"... vous aurez donc votre lot de scènes backstages ultra sales, ponctuées de performances scato/SM/zarbo fétiches sur scène, de strip tease décadents, de plans rapprochés sur des culs, de gens qui baisent, et autres grands moments WTF dans la rue et au bord de l'autoroute (Don Decker avec une culotte sur la tête et un casque de Dark Vador : pourquoi pas ? Don Decker qui chie debout derrière le van, qui n'a jamais pensé devoir témoigner de ça, hein ?). Ce DVD rétrospectif, sorte d'hommage foutraque à un groupe gerbatoire et un homme hors du commun mort à 41 ans d'un foie défaillant nous donne un aperçu de l'Amérique profonde version Satyricon, pas le groupe de black metal de musée non le bouquin de Pétrone là, enfin, vous voyez, on s'éclate au hasard Balthazar, on se défonce, on baise, on hurle dans un micro, on a vingt ans, on n'atteint pas l'âge de la retraite parce qu'on n'a pas eu assez temps pendant la trentaine pour récupérer de tous les excès précédents.... et cette "philosophie" de vie est développée de manière si foutraque que ça ferait gerber la moitié de la population considérée comme saine dans ce pays - enfin, si ça existe aux USA ou en Europe... Vous verrez aussi quelques guests impromptus, des petites notes de bas de pages; par exemple Machine n'arrive pas à pisser dans une scène que je vous laisse imaginer, ou Bidule de Skinless passe sur scène, ou bien "Pukelord" tournicote dans le pit avec trois skinheads et deux strip-teaseuses... Vous aurez des interludes carrément pornocrado je le redis quand même, au cas où vous voudriez regarder cela en famille... (ne fait pas ça, SVP). Ce DVD, packagé de manière minimaliste, fleurant bon le bac à soldes et l'amateurisme revendiqué vous donnera donc à voir ce qui se fait de mieux dans le métal extrême pauvre, sale, mal élevé, macho, pas cool : la dèche, l'insanité, l'irrespect total des équilibres sociaux. Et juste pour ça, ma foi, ça mérite au moins une trois-boules honorifique post-mortem histoire de rappeler un peu que le metal, ce n'est quand même pas, non plus, de la variétoche, bordel de merde !