Rimbaud, Jean Genest, Lacenaire, Villon, Georges Darien… Quelques-uns des héros des grands soirs du Baron Fantôme. De quoi le trouver plus que sympathique surtout si signé chez Bat-Cave Productions en bonus. Expérimentation gothique d’un touche-à tout du nom de Léo Vittoz (Satan, Bière Noire…), le projet porte la signature typique d’une cold wave/goth rock à la française. Influences old school avec rythmiques post punk goth, guitares écorchées, atmosphères nocturnes (les choeurs féminins de 'La mort gronde' sont impeccables de ce point de vue) et un chant plutôt retenu concentré sur les textes, éloigné des poncifs caverneux anglais ou la sensibilité tragique du deathrock, sans pour autant nous jouer la froideur intellectuelle toute en retenue face au débit de phrases. Le Baron a épié là où il fallait, suffisamment pour équilibrer les éléments de sa musique: assez sombre pour ne pas juste sonner cold wave, ni extraverti ni handicapé émotionnellement, bonnes mélodies, des textes soignés évitant l’écueil de la prétention sibylline… D’autant que les rythmes évoluent; on glisse ainsi du lent et pesant ‘Thanatoxime’, un instrumental aux superbes lignes, à un ‘Bat-Love’ plus entraînant, plus inspiré post punk au niveau de la rythmique, sans oublier un ‘Vallonia-des-Eaux’ final plutôt onirique. Il est facile de déceler du Joy Division ou du Cure dans la rythmique mais là où le groupe se démarque, c’est en noircissant nettement ses guitares (on songe à des effluves de Bauhaus, Kiss the Blade notamment), sans oublier de teinter la voix d’un léger halo froid, menaçant presque contre son gré. Romantisme noir marqué de symbolisme obscur, ce premier opus exprime parfaitement l’atmosphère du film dont il tire son nom et c’est un compliment, croyez-moi !