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Haruomi Hosono › Tropical Dandy

  • 2000 • PANAM CRCP-28135 • 1 CD

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Membre Note Date
Cera      samedi 29 juillet 2023 - 23:44
Alfred le Pingouin      mercredi 3 août 2022 - 16:21

cd • 10 titres • 34:22 min

  • 1Chattanooga Choo Choo2:49 [reprise de Carmen Miranda]
  • 2Hurricane Dorothy5:46
  • 3絹街道3:32
  • 4熱帯夜4:55
  • 5北京DUCK2:36
  • 6漂流記3:08
  • 7Honey Moon2:37
  • 8三時の子守唄2:31
  • 9三時の子守唄 (instrumental)2:26
  • 10漂流記 (instrumental)4:02

informations

Enregistré à Crown Studios Recordings, produit par Haruomi Hosono.

line up

Haruomi Hosono (chant, basse, Mellotron, marimba, guitare acoustique, guitare électrique, Clavinet, cowbell, sifflet, choeurs), Masataka Matsutoya (piano, orgue Hammond), Shigeru Suzuki guitare électrique, choeurs), Tatsuo Hayashi (batterie, percussions), Hiroki Komazawa (pedal steel guitare), Hiroshi Sato (piano, Clavinet), Ginji Ito (guitare électrique), Motoya Hamaguchi (percussions), Makoto Yano (cordes, arrangements de cordes et de cuivres), Minako Yoshida (chant, choeurs), Makoto Kubota (chant, choeurs), Teruyuki Fukushima (trompette), Masayuki Kuniyoshi (flute), Yoji Yamashita (ukulele), Kayo Ito (choeurs), Taeko Ohnuki (choeurs), Kosetsu Minami (choeurs), Kazuhiro Ichihashi (choeurs)

chronique

  • exotica vue de l'orient

Alors, il fait chaud ou quoi ? Une petite envie de cocktail sur une plage ensoleillée, quelque part dans une île improbable ? Haruomi Hosono est là pour vous servir. L’ex bassiste de Happy End avait déjà approché ce feeling laid-back, tellement cool et estival, sur son premier album, mais cette fois-ci il met les voiles. Droit vers l’Est, c’est à dire l’Occident. Je sais, c’est paradoxal, mais sa nouvelle orientation ne l’est pas moins. Féru de musique américaine, voilà que Hosono prend le parti pas si évident de revisiter le genre exotica, c’est à dire une rêverie musicale blanche et upper midle-class baignant dans l’opulence des Trente Glorieuses sur des contrées exotiques, les tapisseries sonores élégantes de Martin Denny ou Arthur Lyman. Oui mais Hosono lui, est un ancien hippie japonais. Le Japon, un de ces vaincus de la seconde guerre mondiale qui s’est pris deux bombes atomiques dans la gueule pour pas grand chose, sinon préparer la suite, et qui a encore sur son sol des bases de GI’s, ce qui ne manque pas de contribuer à répandre le soft power américain au sein d’une jeunesse en rupture avec le passé impérialiste du pays du soleil levant. Même si tout ceci parait déjà loin au milieu des années soixante-dix, il est bon de replacer les bases d’un tel album, référencé jusqu’à la gueule, y compris sur cette merveilleuse pochette vendeuse de rêve. Hosono en dandy tropical. On pourrait presque y lire « daddy », tellement Hosono va être le père de tant de chose dans la pop japonaise à venir. Le graphisme fait référence à une marque de cigarette américaines du début du siècle (reprise également par Procol Harum) et le petit bateau de croisière ressemble à s’y méprendre au Titanic, dont le grand-père d’Hosono fut le seul survivant japonais ! La mention « Made in Tin Pan Alley » fait bien sûr référence au sobriquet de la première industrie de la musique américaine au tournant du dix-neuvième et du vingtième siècle, mais également par ricochet à la nouvelle formation de Hosono, qui justement reprend sous forme de pastiches astucieux tout un pan de la culture musicale US et dont on retrouve les membres sur cet album, qui s’ouvre comme il se doit sur une reprise du standard Chattanooga Choo Choo. Peut-être du à sa popularité au sein de l’armée américaine dans la version de Glen Miller, c’est néanmoins celle de Carmen Miranda, chantée en Portugais, que reprend ici Hosono de sa voix chaude et accueillante, histoire de dire « L’Amérique, je veux l’avoir et je l’aurai, mais à ma façon ».

Car est là toute la subtilité de Tropical Dandy : c’est un album exotica, donc occidental, mais vu de l’Orient. Et vu du Japon, la vision américaine de Hawaii (destination touristique exotique par excellence en tant qu’Etat de l’union et intarissable inspiration des compositeurs exotica) passe par un second filtre. Un filtre qui fait de la musique américaine une forme d’exotisme en elle-même. Chanté en Japonais, comme déjà les albums folk-rock de Happy End, Tropical Dandy est un hommage à une sorte d’americana par la bande où les « chinoiseries » (« Pekin Duck », un titre pareil ne s’invente pas !) se succèdent à des numéros délicatement ragtime ou country, cette country qui doit tellement à la musique hawaiienne justement, à travers l’utilisation de la guitare slide. Mais trêve de référencement, car Tropical Dandy, c’est avant-tout l’album de Hosono où il y a « Hurricane Dorothy ». Après ça, tout n’est que laid-back au bord d’une piscine imaginaire ou pas, parfois rappelant le folk tranquilo de l’album précédent, « 三時の子守歌 » et sa voix-guitare de fin de soirée, dont la mélodie de berceuse est reprise pour la première partie d’un final instrumental riche et baroque digne de Van Dyke Parks ou Randy Newman. D’ici là, tout n’aura été que balancement le long de paysages fétichisés de biais, jazz fusion plagiste et tourneries folk-rock achalandées à la chinoise avec flute hippie flottante. Et puis donc, « Hurricane Dorothy », chef-d’oeuvre de la discographie de Hosono (qui en compte quelques uns), déconstruction-reconstruction ultime du mythe exotica, avec choeurs angéliques, rythmique languide à se damner dans l’Île des Plaisirs, solo de guitare qui hantera quiconque a jamais trouvé son bonheur dans les albums des Dreamers de John Zorn, perfection de ce que certains appelleront bien plus tard et rétrospectivement « yacht-rock », mélodie enchanteresse qui ne donne envie que d’une chose, plonger sa paille dans son cocktail multicolore alors que dans un français très accentué des sylphides aux cheveux noir de jais vous glissent à l’oreille « Je veux faire l’amour » (le français, cet autre exotisme encore plus lointain mais toujours érotique). Tropical Dandy sera le premier d’une série d’albums exotica qui petit à petit, vont intégrer des éléments électroniques jusqu’à la création d’un nouveau backing band, le Yellow Magic Band. En attendant, il y a des étés où on a envie de ne rien faire, et Tropical Dandy en est le parfait accompagnement.

note       Publiée le mercredi 3 août 2022

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Note moyenne        2 votes

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Cera Envoyez un message privé àCera

Ça fait bien longtemps que je n ai pas jeté une oreille sur la scène "Canterbury", et je n' aurai jamais fait le rapprochement avec hosono. Hosono me semble tellement plus cool et immediat, avec ce feeling "exotic" tellement évident. Mais c est l occasion de revoir ça, merci de la suggestion.

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dariev stands Envoyez un message privé àdariev stands
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Kevin Ayers et ses 7 ou 8 premiers albums te tendent les bras - Confession of Dr Dream notamment ! (il a pas fait de Cochin Moon, mais le Soft Machine vol 1 est pas mal non plus.)

Cera Envoyez un message privé àCera

Grower. L incarnation de la coolitude, et probablement mon préféré d'hosono.

Note donnée au disque :       
Aplecraf Envoyez un message privé àAplecraf

Je vois cette vidéo et écoutant le dernier album Kikagaku Moyo ces derniers temps, il y a la réalisation que la musique est le déroulé d'un long fleuve c'est plutôt relaxant.

(N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
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Hurricane Dorothy en live, en 75. Vous ne verrez rien de plus cool aujourd'hui.