Vous êtes ici › Les groupes / artistesSSoror Dolorosa › Apollo

Soror Dolorosa › Apollo

cd • 14 titres

  • 1Apollo
  • 2Locksley Hall
  • 3That run
  • 4Everyway
  • 5The night is our hollow
  • 6Another life
  • 7Breezed & blue
  • 8Yata
  • 9The end
  • 10Long way home
  • 11A meeting
  • 12Deposit material
  • 13Golden snake
  • 14Epilogue

informations

https://sorordolorosa.bandcamp.com/ Existe en une version spéciale deluxe avec un live en bonus.

chronique

‘And the killer walked down the hall’, chantait Jim Morrison, avec ‘Apollo’, c’est le cours de la rivière serpent changée en dédale d’air, de vent, de brume, de soleil voilé, que l’auditeur remontera; boire une coupe des eaux du Léthé et suivre un chemin lumineux mais trouble, comme dans un sous-bois baigné de rais filtrant au travers des arbres. Il y a quelque chose de solaire dans ce disque mais sous un angle mystique, comme une forme de résurrection après un passage aux enfers, un parcours initiatique. ‘Apollo’ ouvre dans une veine gothic rock à la Fields of the Nephilim mais le chant moins caverneux de Andy Julia lui confère une aura chamanique de guide alors qu’avec ‘Locksley hall’, le ton se fait plus mélancolique, vaporeux, presque méditatif avec une montée en puissance vers la fin; il y a là quelque chose du ressenti des pérégrinations d’une jeune âme qui peine à trouver un sens à sa nouvelle vie, une jeune âme déjà chargée. Cette impression de déambulation confuse provient aussi des diverses influences auxquelles le combo s’ouvre, parfois assez étonnantes. ‘That run’ m’évoque A-Ha jouant du Killing Joke époque ‘Night time’, un sentiment que je retrouve dans une moindre mesure sur ‘Another life’. ‘Everyway’ muscle l’équation par des guitares plus ouvertement électriques mais les Français paraissent ne jamais vouloir laisser cet aspect prédominer puisqu’on replonge dans une transe brumeuse mais nocturne à présent avec ‘Night is our hollow’. Le jeu est subtil, évocateur. Repris avec ‘Breezed & blue’ qui n’est pas sans évoquer quelques influences post-rock à la Sólstafir mais en plus gothique. Nous en sommes à mi-parcours avec pourtant l’impression d’avoir écouté un album entier. Il y a naturellement la durée variable des chansons pouvant aller de trois à huit minutes mais aussi une richesse d’influences certes parfaitement digérées, intégrées de manière personnalisée mais épuisantes émotionnellement. C’est le moment où un coup de fouet serait le bienvenu pour reprendre courage sur la suite du trajet. Or il n’arrive pas, ‘Yata’ accentue au contraire l’aspect ambient. ‘The end’ rectifie avec une batterie franche et claquante mais les guitares ne quittent pas complètement leur éther fantomatique; c’est terrible à dire mais l’ennui commence à plomber l’atmosphère et ce n’est pas l’inutile et court instrumental ‘Long Way home’, prélude à un ‘A meeting’ électro-acoustique qui change la donne, bien au contraire. Ce n’est jamais bon quand on commence à jeter un oeil sur la pochette pour contrôler combien de morceaux restent à écouter. Trois. Oui, ‘Deposit material’ est bon avec son climat cold wave parcouru de rais goths mais ça ne décolle pas vraiment, ‘Golden snake’ ralentit encore la cadence et laisse une vapeur luxuriante diluer son propos comme si l’âme était enfin prête à s’envoler vers un azur qu’elle quête depuis le départ et comme il fallait s’y attendre, ‘Epilogue’ confirmera avec ses ambiances mystiques et aériennes à souhait. Ouf. Rien à dire sur l’interprétation impeccable, le chant vraiment très beau mais, hélas, le venin serpentin promis par la pochette ne laissera qu’une hallucination tenace au lieu de la résurrection ambroisienne escomptée. Ce disque est beaucoup trop long avec un agencement qui finit par sonner redondant et ennuyeux. En outre, la dernière portion n’est pas exempte de remplissages comme si le groupe peinait à finaliser son disque et cherchait à compenser avec quelques ficelles convenues. Franchement, avec la moitié des compositions, nous tenions un opus de très belle facture puissant et onirique à la fois mais le combo s'est égaré dans son ambition et les longueurs pénibles qui en résultent malheureusement. ‘He took a mask from the ancient gallery and he walked down the hall’…

note       Publiée le mercredi 27 juillet 2022

chronique

N'y a-t-il que moi qui ait pensé, bien avant d'en avoir entendu une note, à Dead Can Dance ? L'un sortait Apollo, l'autre Dionysus ; et puis cette pochette ophique et sinueuse, presque une variation sur Serpent's Egg... Les premiers adjectifs qui nous viennent sur les premières écoutes n'aident vraiment pas à se défaire de cette conflation involontaire : apaisé, contemplatif, solennel ; une pacification du propos post-punk avec de vraies diversions numineuses ('Yata') qui nous semblent loin de la douleur originelle du projet. Pourtant, la comparaison s'arrête là, à une sensation. Deux groupes puisant à une source commune (goth rock) et s'en allant sur des aspirations autres, dont parfois un miroir réfléchit une même couleur. C'est évident qu'Apollo apporte une légèreté, un souffle d'air que certains pourront trouver un peu trop sibyllin. L'ami Shelleyan (5000 chroniques, dort-il seulement...) nous propose A-Ha et Sólstafir ; j'ajoute Dire Straits dont les qualificatifs semblent coller à merveille à notre Apollo : long, parfois lisse, souvent beau, entre doux-amer et amer-doux. Tel un poisson volant, Soror Dolorosa nous fait virevolter entre air et eau.

On assiste à une forme de lissage en trois phases : d'Apollo' à 'Night is our Hollow', puis de 'Another Life' à 'The End', et enfin de 'Long Way Home' à 'Epilogue'. La première partie est celle qui ravira tout le monde, plus proche des albums précédents, même si le final bruyant de 'Everyway' détonne un peu entre le suave 'That Run' et le sublimissime 'Night is our Hollow'. La seconde partie, plus AOR ('Breezed & blue'), allège les atmosphères. Ces fameuses longueurs, oui... l'album est 20 minutes plus long que ses prédécesseurs, le post-rock s'installe, cela se ressent. Et quelques lignes de basses ont tendance à devenir routinières ('The End'). Moins de fougue, certes... mais écoutez-le différemment ! Pour dessiner, pour travailler, pour s'enlacer : les occasions ne manquent pas ; il sert une autre niche, comme un encens, comme du jasmin offrait-on ici-bas, une sensation délectable de voyage dans l'immuable. Apollonien, oui ; platonique, dans sa vision du transcendant, sans urgence...

La dernière partie, disons trois vrais morceaux avec une intro ('Long Way Home') et un épilogue tout en procession (a-t'on le droit de penser ici à Rosa Crvx) sonne plus désenchantée ; non, tout n'est pas chaos, et les idéaux loins d'être abimés sur le folk-rock de 'A Meeting', invitation à l'ouverture s'il en est. La noirceur bluesy de 'Deposit Material' est un peu perdue tout au fond de la tracklist, on aurait pu lui donner la place d''Everyway', mais ce n'est pas moi qui décide. La poésie de 'Golden Snake', toute lovée dans ses métaphores, se perd quant à elle dans des réverbérations d'une telle présence, on se croirait chez Lycia ou Slowdive mais là aussi, peut-être un peu dur à absorber après une heure de guitares planantes.

Un album de darons pas pressé pour deux sous, qu'on peut s'écouter en plusieurs sessions : ce n'est pas illégal, que je sache.

note       Publiée le vendredi 22 mars 2024

dernières écoutes

Connectez-vous pour signaler que vous écoutez "Apollo" en ce moment.

tags

Connectez-vous pour ajouter un tag sur "Apollo".

notes

Note moyenne        8 votes

Connectez-vous ajouter une note sur "Apollo".

commentaires

Connectez-vous pour ajouter un commentaire sur "Apollo".

born to gulo Envoyez un message privé àborn to gulo

Y a-t-il quelqu'un qui n'y a pas pensé ?

Note donnée au disque :       
SEN Envoyez un message privé àSEN

Je suis allez me faire mon avis, je trouve ça cool mais pas ouf non plus, d'ailleurs je suis pas allez au bout du disque, mais j'ai mis 4 quand même parce que je suis sympa ! En général il faut reconnaitre qu'il se trompe rarement !

Note donnée au disque :       
born to gulo Envoyez un message privé àborn to gulo

Et selon cette règle, t'es allé écouter celui où il a mis 3.

Note donnée au disque :       
SEN Envoyez un message privé àSEN

Pour tout ce qui touche au Goth il n'y a qu'une règle certaine pour ne pas se tromper et découvrir des merveilles : les chroniques de Shelleyan !

Note donnée au disque :       
born to gulo Envoyez un message privé àborn to gulo

C'est pas les comms, qu'il faut suivre, nigaud ! Le disque goth de la décennie passée, c'est No Heroes.

Note donnée au disque :