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Larme Blanche › Egotripes
- 2022 • Unknown Pleasures Records UPRGOLD021 • Lim • 300 copies • 1 CD digipack
cd • 10 titres
- 1Le chant du loup
- 2Obsolescence
- 3Bravoure
- 4Providence
- 5Barricade
- 6France
- 7Argent sale
- 8Blasphème
- 9La falmme
- 10Sodome & Gomorrhe
extraits vidéo
informations
https://hivmusic1.bandcamp.com/
chronique
Toi aussi tu en as marre de Dernière Volonté et des boys-scout évoquant des pseudo-valeurs d’une époque qu’ils n’ont pas connue bien au chaud devant leur PC, des fameux rappeurs dont on loue un flow qui n’est devenu qu’un jeu de rimes que personne ne capte à part un cercle d’initiés qui s’en branle ? Alors voilà le disque pour toi, le dernier de Larme Blanche qui a pris une apostrophe tant ses textes sont assassins et sans complaisance. Un disque qui a tout du requiem d’un faux super-héros, d’un trouble alter-ego, qui traite aussi de valeurs, de revendications, de dépit mais bien ancré dans son époque, lui. Synthés glacés, voix tranchée, ‘Le chant du loup’ pose le décor en reprenant les clichés d’un certain rap… L’artiste se dédouble, Larme Blanche est dans la place, ‘mort en juin sous un soleil noir, invaincu’… Le titre enfle, trip hop martial, alourdi d’accords électriques lugubres, ambiance de couperet. Un apéritif à ‘Obsolescence’, véritable manifeste de la constatation dégoûtée d’une civilisation en déclin, de l’inévitabilité de la mort, sans secours religieux ni utopie. Larme Blanche en remonte à pas mal de faux rescapés du ghetto en mal de vitriol. Là encore, plus le morceau s’avance, plus l’atmosphère se fait plombée, lugubre, sans espoir. Vraiment ? Pas si simple, le constat de déclin n’est pas sans phare… Les valeurs, rester fidèle à ses principes, pour lutter dans le monde mais aussi pouvoir se regarder dans la glace. ‘J’perd la boule sous la cagoule’, c’est facile, presque risible, alors pourquoi personne ne se marre ? Devinez. Tiens, un mot positif, ‘Providence’… Qui donc y a cru ? Plongée en tourbillon synthétique vers un abîme de plus en plus glauque, grinçant, dont même le beat ne parvient pas à ralentir la chute. EBM lent plombé à la guitare pour un rendu funèbre qui renvoie pas mal de formations ‘dark’ dans les jupons de maman. On aimerait croire à de la pose mais le nihilisme n’est pas près de s’adoucir, ‘Barricade’ hip hop vénéneux au verbe guillotine enfonce un clou de plus dans le cercueil social. Sans crier gare, la musique glisse vers une forme de dark folk glacial durant lequel la France s’en prend plein la gueule en suivant le fil d’extraits des informations. Le rasoir n’est pas loin sur le rebord du lavabo mais le talent vicieux de Larme Blanche est de ne jamais se complaire trop longtemps dans le même style de noirceur. Après une citation de ‘American psycho’, ‘Argent sale’ plus rythmé, faussement dansant, étale une couche de pessimisme sur la tartine de merde bien chargée. Ne manque que la Bête. La voilà sous les traits de ‘Blasphème’ et son rap indus effrayant évoquant Moodie Black version Ant Zen. Ca n’en finira donc jamais ? Apparemment moins pesant ‘La Flamme’ en sonne en fait d’autant plus funèbre avant de laisser l’ironie s’inviter à la fête. Si le morceau en vient presque à sonner rythmé, joyeux, comme une version talentueuse de Indochine, le vitriol littéraire n’en est que plus mordant. Au fond de cette apnée nihiliste, l’intro triste de ‘Sodome & Gomorrhe’ sonne comme un vrai souffle d’air mais le sursaut n’est que bref, la trame sale reprend, les coups de poings verbaux reprennent ‘Y a qu’à voir la gueule de ce gros tas de Robert Smith, tu sais j’ai toujours préféré Ian Curtis et les Smiths, jamais cru aux illusions, juste aux désillusions…’. Les accords de requiem finaux lâchent le voile de crêpe noir sur ce tableau sans lendemain. Vraiment ? Larme Blanche se renouvelle tout en nous plongeant la gueule plus profond dans la fange. Bien des autoproclamés donneurs de leçons pourraient en prendre de la graine, voilà un disque diablement intelligent, aussi fort qu’une tasse de chicorée servie au goulag, sans ersatz de miel pour faire passer…
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- allobroge › Envoyez un message privé àallobroge
Ses clips sont superbes aussi et valent tous le détour, chapeau l'artiste !
- Note donnée au disque :
- allobroge › Envoyez un message privé àallobroge
Splendide chro pour cet étonnant et radical 2nd album : Il reviens et il n'est pas content du tout !
- Note donnée au disque :
- Rastignac › Envoyez un message privé àRastignac
Y a de l’humour dans ce disque, je me suis bidonné tellement de fois ! Le gars semble jouer le mec si misanthrope il bousillerait des chatons à vue à coups de bazooka, rentre bien dans la série des auteurs haineux méchants. Souvent bien hypnotique, les instrus sont mortelles. Références à la dark folk dans les paroles tout le temps, mort en juin invaincu etc. Très orienté droite paranoïaque quand même dans les obsessions, les samples, se dit tout de suite apolitique (…) c’est pas scout d’Europe comme dit la chro c’est un poil la « France a peur » et taxi driver meets Bollorénews.
Message édité le 21-07-2022 à 06:27 par Rastignac
- Richard › Envoyez un message privé àRichard
Belle première phrase pour attraper les gogos comme moi mais objectivement après Devant le Miroir, Dernière Volonté est plus proche de Daho et Darc même dans ses mots que d'un Jünger en lederhose mais j'ai mordu 😀
Message édité le 20-07-2022 à 19:10 par Richard