Le confinement, Jacquy Bitch, ça ne lui a pas plu mais alors pas du tout, son nouvel opus aux titres éloquents en est le miroir assez évident. Sa musique a chargé les accus en électricité et en rage, plombé le son, affuté les décibels. Pour résumer, c’est un peu comme si Ministry faisait du deathrock, ce qui n’est pas complètement une surprise puisque le groupe avait expérimenté un peu dans cette direction avec le disque ‘Haine’. Du coup, les musiciens maîtrisent le style et s’y coulent sans trop de problème. Le fond de l’écriture n’a pas fondamentalement changé d’où un sens mélodique puissant mais il est clair que la pompe à haine a bien fonctionné, que ce disque change des autres dans son attaque frontale en continu même si c’est tourné à la sauce Bitch. D’ailleurs, il est trop facile de parler de rage, de haine, 'déception' serait probablement un terme plus adéquat; l’oreille attentive décèlera une forme de tristesse derrière cette colère (les samples de ‘Porte rouge’, les textes de ‘L’énervé’, un ‘Vengeance’ final moins cru). Comme beaucoup, Jacquy Bitch a été déçu, des comportements, des injustices, que la pandémie nous a balancés directement dans la gueule sans prendre le temps de masquer le parfum de merde par un jet de vanille caramélisée. Un événement majeur parmi d’autres qui pousse à se recentrer, à réfléchir et oser espérer même. C‘est humain. Ce disque l’est, c’est ce qui le rend beau dans sa flamme et après son écoute, on a surtout envie d’ajouter un point d’interrogation après le ‘too late’… 4,5/6