Ashton Nyte › Waiting for a voice

Ashton Nyte est un personnage sensible, c’est ce qui lui permet de vivre de son art. Pour qui suit sa carrière ou du moins ses newsletters, il demeure évident que ses années de musique lui ont permis, à défaut de trouver le bonheur, de s’approcher d’une forme de sérénité personnelle. Ce septième opus en solo en témoigne. Si le précédent constituait une demi-mise à nu, celui-ci expose davantage ce coeur qui bat et ce qui le fait battre. Presque acoustique, il joue l’épure des orchestrations sans pour autant exorciser complètement le halo obscur caractérisant l’oeuvre du Sud-Africain. C’est redondant mais impossible de ne pas évoquer Bowie, version plus sombre et introvertie (la superbe reprise de ‘Heroes’ n’a rien d’un hasard). Peut-être pourra-t-on dire de ce disque qu’il est le plus clair quant à la nécessité solo par rapport à The Awakening; en effet, notre homme se révèle totalement à l’aise dans cet habillage dépouillé et acoustique qui a déjà le mérite de mettre en valeur sa superbe voix profonde. Ashton Nyte a toujours bien chanté mais il est clair qu’il a beaucoup progressé durant sa longue carrière, notamment dans l’intention, l’intensité. Y parvenir suppose une meilleure connaissance de soi, ‘Waiting for a voice’ en est un miroir clair. Je ne dis pas qu’il ne sortira plus de disque solo par la suite mais celui-ci pourrait constituer un achèvement tant tout semble fluide et précis dans ce spleen apaisé transparaissant à travers chaque chanson. On y ressent une pulsion de vie et d’espoir s’imposant timidement mais clairement face aux douleurs du passé. Sur ‘Awake’, Nyte s’élance en funambule, son chant résonnant de manière étonnamment plaintive par instant comme s’il ne craignait plus de le laisser pointer ainsi, la batterie qui s’impose sur la seconde partie n’y changera rien. L’attend-il donc toujours cette voix ? Apparemment, toute peine n’est pas exorcisée (le bouleversant ‘Icicles’) mais la confiance est là. Le futur n’est pas écrit mais quelles que puissent être les épreuves, la vie triomphera; voilà ce qu’exprime ce disque merveilleux et délicat, si triste et lumineux à la fois, le second de sa carrière où Ashton n’apparaît pas sur la pochette. Hasard ?