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7 Year Bitch › ¡Viva Zapata!

cd • 11 titres • 32:51 min

  • 1The Scratch1:59
  • 2Hip Like Junk3:50
  • 3M.I.A.3:54
  • 4Derailed3:11
  • 5Cats Meow3:54
  • 6Rock a Bye2:39
  • 7It's Too Late2:39 [Reprise de Jim Carroll]
  • 8Damn Good and Well1:59
  • 9Kiss My Ass Goodbye2:53
  • 10Icy Blue3:57
  • 11Get Lit1:53

informations

Enregistré par Jack Endino au studio Avast! Recording Co., mixé au studio Hanzek Audio. Produit par 7 Year Bitch et Jack Endino.

Artwork par Scott Musgrove (peinture recto) et Mia Zapata (peinture verso)

line up

Selene Vigil (voix), Roisin Dunne (guitare), Elizabeth Davis (basse), Valerie Agnew (batterie)

chronique

Ah ah, la blague : Zapata ! Non parce que ce nom, là : celui d'Emiliano, bien-sûr, le révolutionnaire mexicain ! Et puis – hasard de l'onomastique, des courants de populations, des scènes où tout ce monde se croisait, Riot Grrrls et Grungeuses, Grungeurs et autres Arpenteuses/Arpenteurs – celui de leur pote Mia, des Gits, aussi. Alors sur la pochette, ce jeu de mots-image, cette peinture-calembour, sous le titre qui en remet une couche (ponctuation hispanisante incluse) : Mia l'activiste campée en maquisarde vieux style, cartouchières croisées sur la veste de campagne râpée, désert de western par-delà-le-Rio-Grande en arrière plan... La grosse déconne, quoi ! Sauf que non. Sauf que voilà : ces quatre là l'ont particulièrement mauvaise, là, sur ce disque – colère et chagrin mêlés. Sauf que oui : elles avaient de quoi. Vu que ladite Mia, un an à peine plus tôt, avait été retrouvée morte un sale petit matin dans une rue de Seattle – tabassée, violée, étranglée. Vu qu'alors le meurtrier courrait encore – et ne serait chopé, identifié que dix ans plus tard. Voilà pour l'ambiance grosse marrade. Voilà pour le contexte – celui de l'hommage, celui de la réalité où ça se passe, ce qu'on entend là. Celui de ce qu'elles envoient.

Soyons clair, cependant : ¡Viva Zapata! N'a rien d'une lamentation. Rien d'un pensum, non-plus. Il raconte la dégueulasse histoire, bien-sûr – trop ordinaire, impossible pour autant, et justement pour ça, à digérer, à balayer d'un revers, d'une chanson (celle-ci en appellerait-elle, comme la non-éponyme mais c'est tout comme – M.I.A., donc, comme Missing In Action, aussi, le terme militaire... – à une justice sommaire et immanente...). Mais parmi d'autres. Comme symptôme peut-être, comme ce qu'elles avaient, ont, auront encore à dire sans fin malgré la fatigue, les nœuds au bide. (Matter of fact/No fact/No matter/Who do you suspect?/Who is not afraid to die?/Who would tell such a lie?/Who runs away?/Who do we fear? …). Comme marque nette sur cette scène, ces milieux, dans ces mouvements-ci – des femmes qui gueulent parce qu'il est temps, donc, parce qu'il n'y pas d'autre choix que de le faire soi-même et que plein le cul des « bros » et de leurs clubs de manches ; le rock « indé » qui en a marre, de son côté, du glam à permanentes ; « le grunge » qui a fait BOUM un peu avant, via le groupe d'un blondinet-eau-de-javel nommé Kurt (le grunge qui dégueule du multicolore en ayant mâché du gris débris – ou l'inverse symétrique mais bref... tout le toutim pas simple et construit pourtant sur du brut, au départ) ; puis la question, aussi, d'une récupération de fait bien entamée (les fameuses et foireuses anecdotes d'époque sur les vêtements pré-troués vendus à prix d'or, les « films grunge » – le Singles de Cameron Crowe, en tête, en 1992...).

Abrégeons : en cette année pas franchement rigolote, donc, dans tout ce merdier, 7 Year Bitch balancent dru, sans excuse, mais avec un sens de la tournure qui fait que tout porte. Reprennent le poète de la lose Jim Carroll – mais c'est une balade de leur cru juste après, à la place, qui sonnerait presque comme du folklore CBGB-1976. Ça tape frontal mais cabossé, avec esquives et changements d'angles selon l'index du compact horion, qui font qu'on ne voit pas pour autant venir. Que l'énergie du bouquet de poings, de l'écheveau nerfs-muscles-synapses-etc. ne se fige pas en rengaine vaguement punk, empêche qu'en découvrant ça on se demande si c'est « mineur » ou pas, fait qu'on ne se pose guère (et pas le temps pour ça) ce genre de questions d'esthètes. 7 Year Bitch débitent des riffs, des rythmes contondants, font tourner tout en groove bosselé (la basse qui gondole entre les variations de la batterie-enclume...). En civil, en marcel, en casquettes de baseball, en faux léopard, t-shirt de basketeuses ou robe à tourterelles on s'en fout : quand ça part on ne se demande plus si ça fait sens, la tenue, si ça compte, pourquoi on opterait pour un peu plus de retenue.

Et puis si, tous comptes faits, pour revenir à ça : une fois mis en face on se MARRE avec elles – de ce rire tendu qui voudrait libérer, casser les raisons de chialer, de fuir, de tout brûler. De ce rire absurde qui évacue tout romantisme, toute tentation d'en faire de belles dentelles, de ces saloperies, de broder de beaux drames ou de pas moins cons panégyriques. On se laisse choper par la vindicte et l'emballement – pas pour désamorcer une gêne mais parce qu'on saisit pourquoi c'est pertinent, leurs brefs bouts de chaos tenus, flanqués en formes pourtant nettes, sans bavures. Parce que ça grince que ce soit pertinent – si brutalement et là encore, ordinairement, formulé comme si on l'avait sur le bout de la langue (attention... les dents!) mais qu'un truc jusque là avait empêché que ça sorte. Mais quoi ? Les conventions ? La peur d'en appliquer d'autres ? Parce qu'on était venu là pour le show, la relâche, s'amuser un coup sans penser à toute cette merde ?

Je ne sais pas. Ça me va, de me dire une fois de plus avec elles que – non – ça ne va pas, sans faire semblant d'être à leurs places. Elle savaient bien, elles savent – et je sais, on se rend bien compte – que ça ne ramènera pas la Mia du titre. On se rend bien compte que la plupart de ceux (et sans doute une partie de celles) qui étaient là quand elles jouaient y étaient surtout pour la bière et les décibels « en trop ». Il n'y a pas, sous ce prétexte, de tant-pis qui tienne. Il n'y a qu'à relancer le disque. Et méditer le martèlement de Hip Like Junk, histoire de came, cette fois, si j'ai bien compris, qui colle en tout cas au crâne une fois encaissée. (To watch you bang, bang, bangin' your head against the/Bang, bang, bangin' your head against the wall... Ça ne sonne pas creux mais ça résonne – il ne faudrait pas confondre, à l'heure où elles l'assènent).

note       Publiée le dimanche 5 juin 2022

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Note moyenne        2 votes

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Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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Mais ouais, comment qu'elle riffe, dans c't'histoire, la Roisin Dunn... Et comment ça groove grungy, tout ça, aussi. Avec des passages parlés/presque rappées à l'ancienne que j'avais pas relevés dans la chro mais qui sont très scènes alternos de ces années et parages géographiques là aussi, et qui me sautent à l'oreille, là ! (Une façon de plus d'échapper au hard-rock ?).

Message édité le 23-05-2023 à 12:47 par dioneo

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Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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Ouep, la gratte ultra-active... Ça ne "s'arrangera pas" sur le suivant, Gato Negro, où en plus Roisin Dunne se piquera de varier les approches. Sur le premier et précédent, Sick 'Em, c'en était d'ailleurs une autre, à la guitare - Stefanie Sargent - pas forcément moins présente, peut-être un poil moins noisy, encore plus portée sur le riffing de bûcheronne quand ça lui prenait. (Mais bon, calenchée à 24 ans entre les deux albums, elle, d'une O.D. d'héro... Un festival de jours heureux, décidément, l'histoire de ce groupe).

EDIT : Sinon oui, M.I.A., le titre, accroche direct mais au fil des écoutes, un truc comme Hip Like Junk (ben tiens, justement), The Scratch et finalement tout le reste se met à très vite coller au crâne.

Message édité le 07-06-2022 à 23:34 par dioneo

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GrahamBondSwing Envoyez un message privé àGrahamBondSwing

Connaissais pas. Ce qui me frappe, c'est cette guitare qui ne s'arrête quasiment jamais. Sinon l'époque, le son, ben forcément j'aime. Meilleur titre (après une première écoute) : M.I.A.

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Shelleyan Envoyez un message privé àShelleyan
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J'avais fait le rapprochement avec Slade à l'époque car je connaissais ce groupe mais je trouvais étrange justement. J'avais pas pensé à Marilyn (pas vu d'ailleurs celui-ci)

Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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Alors apparemment le nom vient du film de Billy Wilder The Seven Year Itch, avec Marilyn Monroe - Sept Ans de Réflexion, en VF - dont elles auraient infléchi le titre de cette lettre qui fait toute la différence... Ceci dit je vois que c'est aussi le titre - la version Bitch - d'un single plutôt tardif (1985) de... Slade ! Ce serait assez cocasse que leur nom à elles viennent de là vue l'approche complètement non-glam des nanas (mais j'ai l'impression que non, donc... Dommage ?).

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