1919 › Citizens of nowhere

2016, la ‘politicienne’ anglaise Theresa May affirmait: ‘If you believe you are a citizen of the world, you are a citizen of nowhere’, des paroles glaçantes qui font de loin écho aux mots d’un certain Adolphe Hitler en 1933 qui voyaient les Juifs (‘The International Clique’) comme appartenant à ‘Partout et nulle part’; pour un combo aussi engagé que 1919, l’opportunité était trop belle de reprendre les armes. Trente-huit ans après leur premier opus, le combo presque entièrement remanié sort son quatrième album. ‘Citizens of nowhere’ opte pour une approche moins frontale, plus vicieuse (confirmant l’amorce expérimentée sur ‘Futuricide’) mais non moins combattive comme le prouve d’emblée l’excellent ‘Borders’. Post punk goth mâtiné de cold wave oscillant entre menace et velours tant niveau vocal que guitare (superbes lignes). Une option post punk moins ouvertement goth qui se confirme sur plusieurs chants (‘A gilded cage’ triste sur certains passages, un ‘Jackie’ aux relents funk méchant dans une lignée Gang of Four/The Pop Group), ce qui n’empêche nullement certains élans à l’ancienne, ainsi ‘TV Love’ ou un ‘Demigod’ baigné d’une aura punk 77. Il apparait clair que le groupe cherche à ne pas se répéter, à user de ses racines pour les tordre un peu, tenter de nouvelles choses. Cela ne l’empêche pas de signer quelques bons morceaux (‘Only the good’, ‘Borders’, ‘Demigod’, un étrange ‘Singing to the universe’ à la fois désenchanté et plein d’allant) même si quelques fans de la première heure pourraient être surpris(es) à la première écoute. Inutile de raconter des bobards, j’aurais espéré un ton plus tranchant moins nuancé mais difficile de reprocher aux Anglais cette envie de renouveau d’autant qu’elle ne trahit rien de la philosophie originelle. ‘Pas de Dieu, pas de roi’ trouve-t-on au bas des armoiries de la Couronne britannique version 1919. Un t-shirt que je suis fier de porter.