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Haruomi Hosono › S・F・X

cd • 6 titres • 33:10 min

  • 1Body Snatchers5:49
  • 2Androgena4:52
  • 3SFX5:54
  • 4Strange Love5:52
  • 5Alternative35:07
  • 6Dark Side of the Star5:36

informations

line up

Haruomi Hosono (production, instruments, chant)

Musiciens additionnels : Miharu Koshi (choeurs 2), Masatoshi Nishimura (basse 3)

chronique

  • "world famous techno pop"

D’abord, Haruomi Hosono était un hippie. Il jouait de la basse dans un groupe de heavy-psych. Puis, il est devenu un folkeux à guitare en bois, un des premiers de la sorte à chanter en nippon sur cette musique occidentale. Puis il a fait de l’exotica, de l’exotica à double fond, petit à petit teintée d’électronique. Puis il a inventé la techno-pop, tout simplement. Le voilà arrivé au bout du parcours, il a bourré le Budokan avec le Yellow Magic Orchestra, contribué à rendre populaire la coupe playmobil chez les salarymen, a enregistré (pour la première fois ?) de la musique de jeu vidéo et a produit de l’ambient pour les magasins Muji. Il parait loin le moustachu aux faux airs de Francis Cabrel de son premier album solo et pourtant seule une dizaine d’années s’est écoulée. Au milieu des années quatre-vingt, Hosono apparait comme un mélange de Darth Vader néo-romantique sans son casque, proto-Daft Punk au visage qui pixellise. Hosono est du turfu. Ses « amis de la Terre », crédités comme son backing band, ce sont des Korg, des Roland, des Prophet. Ses titres de prédilection, sortis de la science-fiction, et pas la plus rassurante. Comme avec YMO il a contribué à l'éclosion de la nouvelle musique synthétique noire (ils ont même failli finir sur un album de Michael Jackson), il va lui-même piocher dans l’électro-funk pour groover, autant qu’un vieux hippie nippon le peut. « Planet Rock » ou « Body Snatchers », même feeling. Grandmaster Hosono qui scratch, balance une de ses lignes de basse infernales, tripatouille sa voix, épice sa mixture à coup d'effets spéciaux, comme le nom de l’album l’indique. Le morceau éponyme n’est que ça d’ailleurs, Hosono qui travaille ses machines au corps pour en tirer une expérience de groove instrumental alors futuriste.

Sur « Alternative 3 » cependant, ça va plus loin, c’est plus troublant, le morceau basé sur une seule saccade qui bégaye obsessivement, sur laquelle viennent se greffer d’autres bribes métalliques, des beats et des bouts de samples qui jamais n’accrochent complètement, repartent aussi vite qu’ils sont venus. C’est quasiment une prod abstract hip-hop avant l’heure, mais très très avant l’heure (on pourrait poser dessus encore aujourd’hui et sembler très étrange). Hosono ne se cantonne pas à ce genre d’expérimentations un peu brutes cependant, on connait son goût de la mélodie qui faisait merveille au temps des cocktails hawaiiens, retrouvée ici le temps d’une « Androgena », piano jazz de station spatiale propulsé par ce beat machinal aux petites variations subtiles qui en font tout le sel, la voix de la grande Miharu Koshi aux choeurs délicats, avant de se taper un étrange solo de clavier aux notes transposées en voix androïde. Et puis la synthpop intestable inspirée par Docteur Folamour, digne des plus grandes heures du YMO le plus fourmillant d’idées partout. Ça se finira comme il se doit en apesanteur, dans l’espace, sur une relaxante et légèrement mélancolique piste ambient au piano minimal, inspiration probable de certains compositeurs de cinéma à venir (ou alors mon cerveau se contente de faire une association purement culturelle avec Joe Hisaishi, mais toute de même), une esthétique qu’il va continuer de creuser sur son label dédié, Monad (un nom qui en dit long). Comme si Hosono refermait enfin une porte sur les quelques années passées, synthétisant son savoir-faire pop, ses envies d’expérimentations technologiques et ouvrant une nouvelle voie à suivre, un peu plus loin de la lumière, plus discrete. Ambient, musique de films, pour la télévision, de la musique plus dépersonnalisée. Hosono la pop star, c’est finito.

note       Publiée le mercredi 25 mai 2022

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Reflection Envoyez un message privé àReflection

Ça sent bon la série complète des hosono ! J'ai hésité avec le 6 car ce mec est un mutant... musique ovni ! On se fait parfois maltraiter (un choc culturel aussi pour nous, occidentaux ?) Mais le voyage est tellement singulié et travaillé que l'on est captivé. Et puis, j'adore ce son cyberpunk sans age... le vynil Jap' tabasse vraiment plus que pleins de disques electros récents.

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dariev stands Envoyez un message privé àdariev stands
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Le continent Hosono !! Pfff, merci au fondateur du blog Mutant Sounds d'avoir attiré mon attention sur ce membre de YMO en particulier, quelques années avant la vague de (re) découverte de la scène jap en occident. Bien entendu, le disque vanté était Cochin Moon, mais moi je pense que tout le monde ne le préfère pas , loin de là, et que ce S-F-X ridicule d'inventivité (musique de barge, là vraiment) a ses adeptes. Et purée c'est fou tous les génériques qu'il a faits (en plus des B.O. mirifiques), j'ai découvert y'a 3 jours que c'était lui qui avait écrit la chanson d'ouverture de Nausicaa, pas Hisaishi ! Dur de trouver un équivalent non-jap pour faire comprendre son importance, mais en gros, faut mélanger Kevin Ayers (produit par Visconti), Vangelis et un peu de Todd Rundgren (sans l'aspect visuel), puis ensuite rajouter du LSD et des diamants, et puis du saké arc-en-ciel, et là... Vous serez encore loin, en fait. Chro qui tape juste.

Alfred le Pingouin Envoyez un message privé àAlfred le Pingouin

C'est clair. Et moi chaque jour j'ai un album préféré différent de lui. Des fois c'est un YMO, des fois c'est Hosono House, des fois c'est Philharmony, ou un Sketch Show, ou l'album pour Muji, Watering a Flower, beaucoup plus subtil qu'il n'y parait...

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(N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
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Je suis pas sûr que "retenue" soit le mot qui s'applique le mieux à cet album (à part la piste ambient finale bien sûr). Bah, Cochin Moon, évidemment que tout le monde préfère Cochin Moon, mais faut revenir à une autre période, pré-YMO. La disco de Hosono est labyrinthique. Sans parler de ses prod pour les autres.

GrahamBondSwing Envoyez un message privé àGrahamBondSwing

Après avoir découvert le nom d'Hosono au générique du film Une affaire de famille, intrigué, j'avais commencé à explorer sa disco mais j'étais passé à côté de celui-ci. Je rattrape mon retard... La pochette affiche clairement le concept : le musicien expérimente et produit un matériau composite, à forte dominante synthétique, cybernétique, avec cette retenue toute japonaise qui peut-être frustrante aussi. Ca demande un minimum de concentration pour se laisser apprivoiser mais c'est passionnant. Pas simple à chroniquer j'imagine mais j'encourage à poursuivre l'exercice.

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