Vous savez quoi ? Oubliez les "Toi qui entres ici, abandonne toute espérance" au début de l'histoire et autres "No Exit" rouge néon sang à la fin, plongez directement dans le présent, les barbelés dans la gorge, les sanglots qui font tressauter les joues, oubliez tout besoin d'avoir de l'espoir alors que nous sommes toujours vivants en 2022 et que Come to Grief nous sort enfin un album "longue durée", et c'est pas peu dire qu'on en a besoin parce que, logiquement, il faut en arriver à ce point de dégoût pour bien apprécier et profiter de leur musique, malheureusement (sic). De toute façon, si le temps était au beau fixe, Guts der Dunkelheit n'aurait aucune raison d'être (chroniqué d'ailleurs) ; et on n'aurait donc nul besoin de s'étrangler en serrant les poings, les larmichettes perlant sur les plissures fatiguées autour des yeux, comme à quatre heures ce matin bourré à l'absinthe avec "Equilibrium" de Crowbar en fond sonore. Certes, le son évolue, il y a des solos jolis, aussi jolis que les petits moments "mélodieux" de Grief, juste pour en ajouter une couche dans l'incongru et la folie éveillée ; certes il y a même une réminiscence d'un semblant de groove Iron Monkeysque post mortem déterré pour autopsie vingt ans plus tard, et alors ? Ben alors ce disque des cacodémons du sludge demeurera une pierre tombale idéale pour ce début de non évènement qu'est la poursuite de cette vie. Cette thèse sera bien sûr longuement étudiée par les intellectuels aux manettes ici, dont le batteur qui sera formidablement gonflé par bali ballou, l'ourson qui pousse les potards à fond, mais pourquoi ? Parce que vinyle 4 couleurs ! Bref, si vous êtes comme moi fortement attaché à cette hubris débile que cultivent les barbus jouant comme des têtes de pioche sur cet album, je vous le dis : normalement, ça devrait vous farcir la soirée comme une vieille dinde trop cuite, pas bonne, amère, qui vous pèsera sur l'estomac, et qui vous donnera envie de pleurer ou de jeter des objets sur les murs...