Whispers In The Shadow › The urgency of now

A priori, avec ‘Beyond the cycle of time’, Whispers in the Shadow achevaient une sorte de cycle de quatre albums axé sur le thème de l’occulte. Sur quoi partir ensuite ? Première constatation, l’approche se veut plus directe; finies les chansons à rebondissements de plus de cinq minutes, l’écriture est plus concise. Est-ce un retour aux sources ? Pas spécialement, Ashley Dayour conserve de cette expérience une noirceur affirmée, une énergie colérique, une trace d'essentiel. Je crois savoir qu’il apprécie les Smashing Pumpkins et ‘The urgency of now’ n’est pas si éloigné d’une version gothique des Américains. Ce serait réducteur bien entendu mais voilà qui accélère les présentations. Les textes eux-mêmes sont exempts de magie (bye bye Ashley Daymour 1331), de mysticisme et concentrés sur les problèmes sociaux, des réflexions sur le monde contemporain. Cette approche plus frontale sied à merveille aux Autrichiens, de la noirceur moins tâtonnante qu’en début de carrière, une aura gothique implantée mais moins de circonvolutions, d’arrangements à tiroirs, le chant passionné de Dayour parachevant le tableau. Une bonne option pour s’extirper de l’image du combo qui ne signe rien de mauvais mais dont on peine à extraire des tubes. Si le tir avait été corrigé quelque peu, la question ne se pose pas ici tant les morceaux sont bons et accrocheurs, dans leurs tonalités les plus fonceuses (l’excellent ‘Scavengers of time’, ‘Watchcry’, ‘Detractors'), plus nuancées (‘Morning Falls’) ou simplement au croisement (‘Lake of fire’). Deux pièces outrepassent la limite des cinq minutes, ‘The rat king’ et ‘Exit-gardens’ plus évocatrices de l’époque occulte (surtout le second, le moment le plus pesant du cd) mais marquées par un aussi haut degré qualitatif que le reste des compositions. Goth rock sûr de lui flanqué des bons conseils de son ami le post-punk pour un maximum d’efficacité noir, de fraîcheur charbonneuse; peut-être le meilleur opus de Whispers in the Shadow (y compris pour la pochette). 5,5/6