Joy/Disaster › Broken promises

Et si nous quittions le post punk, sans nous approcher de la lumière ? Joy/Disaster osent franchir le dernier pas qui les séparait du rock pur; s’inspirant d’une certaine lourdeur stoner, le combo sort les guitares, les badigeonne de plomb, demande à la rythmique d’assurer les arrières, mixe la voix légèrement en retrait pour qu’elle se fonde dans l’électricité, enclenche le turbo. La messe semble dite, encore une de ces formations dark qui renie ses origines et embrasse le rock qui tache pour rester dans l’air du temps… Sauf qu’avec nos Français, rien n’est si simple. Premier élément et pas des moindres, Nico a le bon goût de conserver son timbre alors qu’il eût été si tentant de hurler comme un tigre à la queue coincée dans un placard; cette ‘douceur’ au sein de la lourdeur électrique confère à l’ensemble un léger halo de tristesse même dans l’intensité (sans être vulgaire, il y a un peu de l’esprit de Soundgarden là-dedans, en plus prenant mais c’est subjectif). Deuxio, le groupe évite d’en faire des caisses et de jouer la carte ‘djeune’ qui fait péter ses amplis, il assume au contraire sa bouteille pour manier l’électricité tout en la bridant juste comme il faut. Et puis bon, la pochette n’incite pas à la franche gaité, le disque se conclut par deux pièces plus lentes, profondes et émouvantes sans perdre la franchise de la cogne. Contrairement à ce qu’indique le titre, Joy/Disaster ne trahissent rien, ils évoluent, tentent le neuf mais on sent bien que leurs racines ne sont pas si loin derrière, que les questionnements abondent. Un opus qui s’adresse donc aux inconditionnels du groupe ou aux fans de rock alternatif mystique plus qu’aux aficionados de post punk. Mais qui sait après tout ?