La Rumeur › Tout Brûle Déjà

Non. Tout est gelé. Cryogénisation des prods. Conscience de berline. C'est le futur, les années vingt-dix qui sentent le smart-rien. Un froid sec. Un rap intellichiant plongé dans les pixels d'un écran LCD ramolli par le manque d'inspi. Ration maigre, de pixels-moignons, d'ambiances figées, raides, maladroites et ennuyeuses. Futurisation-robotisation mal négociée, incarnée - si j'ose dire - par la frigorifique et stérile "Périphérie au centre" : du post-Cœur à l'Outrage, du Regain de Tension en hibernation esthétique. Le style synthétique saturé dominant dans le rap, j'suis pas contre, j'ai même appris à l'aimer dans la seconde moitié des années 2010, et La Rumeur a déjà donné dans l'emballage droïde... Mais ce genre d'instru artificlub, putasse-fadasse - Skyrock millenium - n'est vraiment pas glop. Le putassier, ils ont su le manier comme un canon scié ("P.O.R.C."), mais là c'est fiasco ! Gloss atroce. Retour du rap de fils d'immigrés, en version plus fast-food que hood, avec quelques sons techno cheap et blong blong que le dernier des trappeurs hésiterait à utiliser, pour situer le niveau : "Hors Sujet", plus poussive que le flow de Valérie Paicrasse, le rock-rap aseptisé du titre épo-nase, encore plus bancal que les morceaux bas-de-panier de Zone Libre, ou "Sans faire de bruit" ("mes traces d'urine à la surface de ma mélanine" ?! On a trempé la plume dans le pipi en effet), la drouille logicielle sur "Le chemin est long" ou la pokémonesque "Hommage à la marge", tentatives ratées de rap-electro, ou pire du pire : "Quand je marche tu cours"... Bon là, ils sont second degré, j'imagine. Quoiqu'il en soit : c'est trèèès mauvais, on dirait une parodie pas drôle. "P'tite Laura", comme un retour au son smooth-soul des nineties, semble vouloir, par contraste, racheter cette faute de goût sans arôme. Mais bof, c'est du sous-Solaar. Maigre moisson : "Un Soir comme un Autre", malgré le beat aussi lourd que de la Contrex - avec comme un écho du "Watcher" d'un certain Docteur pourtant - les verses sont bons, le flow est plus investi. Et "Tous ces mômes vont grandir", hip-hop synthwave, smooth semi-bouse qui passe mieux dans ce contexte avec sa rosée de claviers. En dehors de ça ? Série de fèces. Même quand ça scintille (la codéinée "On marche tous vers la fin") c'est vraiment pas brillant. Sur certains titres j'avais envie d'appeler DJ Paul Bismuth Junior à la rescousse quand c'est sorti, c'est vous dire le niveau. La Rumeur, ouais, c'est toujours elle, mais roulant en trottinette électrique libre service (mort à ces merdes), au rythme d'un son informatique des plus insipides... "Sous les néons des sex-shops comme la dernière des salopes".