Compilations - Labels › Genzai

J’ai longuement réfléchi à la meilleure manière d’aborder la Harsh Noise sur ce site. Comment casser son image extrême et laborieuse, comment élargir le spectre auditif de vous autres, moldus des grincements spectraux et des ressorts rouillés?

Ça commençait mal pourtant, avec ma dernière chro sur le sujet. Mais aujourd’hui… aujourd’hui c’est différent. J’ai commencé par le pire, comme un môme vous laisse de côté ses frites pour les garder rien que pour vos miches.

Mais plutôt que de parler de faim, parlons du début. On commence par un cri. Féminin qui plus est. Mais pas celui d’une demoiselle en détresse. Nope. Elle a les crocs, elle. Et elle va te bouffer les doigts de pied, j’te l’garantis. Une égérie comme on en fait plus, qui porte l’étendard sanguinolent du label 16 shots per seconds et mène à l’assaut comme une brave, onze de ses nakamas tout aussi vener!

Le ton est donné. Le spectateur est dans les cordes quand le vétéran Killerbug aka K. Endo, présent deux fois sur le disque, ouvre les hostilités synthétiques, suivi de très près par deux autres géants nippons: le réverbéré Astro et le talentueux Spore Spawn, qui auront tôt fait de vous ouvrir grand les esgourdes sur les potentialités polymorphiques de la noise extrême asiatique.

Accrochez-vous, ça racle les tympans et pas qu’un peu. Respectez bien le périmètre de sécurité alors qu’ils s’évertuent comme des damnés à essayer d’assassiner vos enceintes à coup de machins et autres bidules fanfaronesques et abscons. Trois bons mètres, c’est pas du luxe, les loulou-te-s! Et je peux vous garantir que si vous respectez la consigne, vous en sortirez indemnes. Enfin, seulement si vous manquez de chance…

J’en étais où déjà avec tout ça? Ah oui! Le raclage. Une technique qui consiste à frotter un ustensile contre une surface plus ou moins molle pour en extraire la substantifique moelle. Raclage, raclette: même combat. C’est bon parce que c’est gras. Même les grumeaux, on en redemande. Avec ou sans féculent d’ailleurs. Mais les prot’, il en faut et il y en a: Government Alpha, l’indicible Facialmess et ODA Takumi sont eux aussi de la partie.

Alors pas question de découper le gras de l’entrecôte pour ne manger que le muscle, bandes d’ingrats. La sélection est au poil et on termine le menu par un succulent collage aux accents de rocks teutons pas piqué des hannetons.

La noise, parfois, c’est l’illusion du danger. Et pour une fois, on s’y jette comme dans les bras d’une femme. Et quand l’étreinte se termine, notre corps trompé de coups laisse alors apparaître un sublime sourire de satisfaction. Un voyage sans billet retour qui ne laissera personne indifférent.