Quoi ? Un nouveau Blood Incantation ? Chouette, du riff ! De la gorge grasse ! Du mystique de l'espace infini intergalactique ! Mais en fait non ! Z'ont passé leur temps à jouer à Mass Effect, ou à trainer sur guts et s'enfiler l'intégrale de la section "musique électronique - Berlin School". Vous voyez ce que je veux dire ? Donc voilà, un album de musique électronique, très ambient, mais "ambient" de l'espace attention, il ne manque plus que les machines avec plein de boutons qui clignotent, inspirant à l'auditeur patient une sorte de réminiscence de jeux vidéos passés, de séries télévisées passées, et, enfin, d'une vision du futur belle et bien passée, parce qu'on est déjà dans le futur, et ce futur ressemble malheureusement bien plus à un caniveau bétonné qu'à un épisode de Battlestar Galactica... Je ne suis pas spécialiste de musique électronique mais j'ai écouté la BO de Blade Runner 4 millions de fois, j'imagine que je peux donc apprécier à sa juste valeur ce fond cosmologique sorti chez Century Media, et c'est ce que je fais comme un grand, m'allongeant tel un omnivers fatigué sur mon hypercouchage à X dimensions, tout en me regardant un holéoprogramme concernant le prochain plébiscite du méga-empereur uranusien... c'est appréciable oui cette musique de fond de conscience, mais mon petit cyberdoigt me dit que ce n'est pas non plus follement original... et que ça aurait pu être sorti sous un autre nom que Blood Incantation, après les gens ne comprennent plus rien quand on mélange les étiquettes, ils ne savent plus reconnaitre la droite de leur gauche ! Tous les jours on a donc notre lot de surprises avec ce méli-mélo mental : on découvre la non-violence violente, la bienveillance agressive, la compassion individualiste, "l'intelligence de la main", le combat passif, la croissance entropique, la décroissance généreuse, voire même la philanthropie misanthrope... et tout ça pour oublier ce silence pesant de l'espace et de la mort à venir, qui ne passera jamais, même si on se l'imagine rempli de masse sonore comme cet album veut malgré tout, malgré la pesanteur de ce morne présent infragalactique, s'affranchir, le peindre, l'imaginer autrement, car apparemment, l'humain ne peut décidément pas se satisfaire de la réalité de l'impermanent, du vide, et de l'absence d'explication à quoi que ce soit. Enfin, quatre étoiles quoi à cette petite chose synthétisée, trois quasars et demi, deux pulsars trois tiers et en route Ulysse à travers les cieux l'espace et le temps !