Ce n’est peut-être pas des zombies dont il faut se méfier mais des mort-nés. L’affaire paraissait en effet mal embouchée pour Death SS; une poignée de singles et de démos, l’un des fondateurs, pas des moindres puisqu’il s’agit du chanteur, qui est remercié, un mini avec un remplaçant et l’autre pilier jette l’éponge. La messe (noire) semblait dite. Pourtant en 1987, SS soit Steve Sylvester reforme le groupe avec de nouveaux musiciens et entame réellement la carrière du groupe dont il restera envers et contre tout l’unique membre stable. L’année d’après est donc produit le vrai premier disque du combo dans un style pas foncièrement éloigné des premiers mais version dure. Car si les influences déterminantes demeurent Alice Cooper et Black Sabbath, les Italiens ont suivi le virage plus âpre amorcé par ces formations, conservant en leurs lignes une forme d’obscurité kitsch mais sans chichi qui leur était propre. Comme je l’expliquais dans ma chronique précédente, Death SS ne font pas semblant, développent une passion quasi mystique pour le macabre, l’occulte, les films d’horreur et autres thèmes gravitant dans la nébuleuse. Outre les paroles, ils reprennent l’idée d’un visuel fort (costumes, maquillages glauques, pseudonymes…) qui peut prêter à sourire sauf que nos Italiens ne l’ont jamais renié (contrairement à Kiss, une autre influences, ils n’ont pas cédé au syndrome du ‘ras-les-masques). Musicalement, on croirait partir dans le heavy mais l’impression générale est bien trop lourde, sombre, pas de réelle branlette de manche, un accent porté sur les atmosphères à coups de claviers, samples, le tout restant trop rythmé pour être catégorisé ‘doom’; les truffes aiguisées affirmeront qu’on y décèle une certaines puanteur thrash (‘Werewolf’). A première oreille, rien de spécialement original pourtant le style n’est pas si facile à décrire, probablement notamment à cause de l’intention plus que la forme. Idem pour la voix de Sylvester, hargneuse en permanence, dégageant des relents de caveaux humides; elle n’est pas spécialement particulière dans le genre mais sa volonté obsessionnelle d’incarner l’obscur lui confère une aura noire décadente assez unique. La rythmique est détonante avec quelques beaux accents de grâce (l’aspect tribal de ‘Terror’ notamment), cimentant la dalle sur laquelle les guitares griffent leurs épitaphes. Le groupe paie son dû à Alice Cooper par une reprise pas piquée des vers ajoutant une ambiance satanique à une chanson déjà efficace avant d’enchaîner sur une surprenante ballade mélancolique de bon aloi (malgré son outro fracassante). Fin logique ? Nos Italiens n’en ont cure puisqu’ils balancent encore un ‘Murder Angels’ qui n’est pas sans évoquer quelques échos de Bathory ou Celtic Frost. Les rééditions offrent en bonus deux reprises de Black Widow très sombres et réussies (visiblement Death SS aiment ce groupe) ainsi que deux compositions dans leurs oripeaux des débuts (bien putrides). Au final, ce ‘In death of Steve Sylvester’ a la particularité de nous exhiber un combo qui ne sonne pas comme un pionnier mais qui dégage une aura si spéciale qu’on flaire le truc avec peu d’équivalents. 4,5/6