The Soft Moon › Total decay

Les LPs sont comme des dolmens trônant sur l’horizon mais entre eux se faufilent diverses aspérité parfois bien anguleuses, parfois douces comme le marbre, que l’on appelle des Eps, un format parfois confortable selon le style de musique, à l’image d’une mini série, ni trop long ni trop court. ‘Total Decay’ colle à cette définition à bien des niveaux. Il corrige presque tous les défauts du premier album. Du post punk excellent musicalement, mêlant l’attaque classique avec un zeste de folie tribale se manifestant dans certaines attaques de percussions (‘Repetition’, ‘Visions’ très chamanique dans sa rythmique), certains délires vocaux (le final de ‘Alive’). Parce que le processus d’exorcisme en est à ses prémices; logiquement, le chant n’est donc pas essentiel et mixé au second plan, ne quittant pas sa condition spectrale, comme si une entité non humaine chantait, rarement d’ailleurs (peut-on d’ailleurs réellement parler de ‘chant’ ? Humeur serait plus adapté, au sens mystique du terme). En règle générale, la production joue beaucoup sur un effet sous-terrain de l’ensemble mais capturé dans une grotte, pas une cave. ‘Total decay’ est une pièce médiane parfaite entre ‘The soft moon’ et ‘Zeros’, concentrant en quatre morceaux le meilleur des deux, empêchant de par sa brièveté toute forme d’ennui car il faut bien l’admettre, Luis Vasquez ne joue pas la carte de la facilité, s’arrangeant par tous les moyens pour rendre son post-punk inconfortable sans lui dénier pour autant une attaque directe, jouissive. Au final, non, point de pourriture totale, il subsiste bien plus que des restes à sauver comme le prouvera la suite de carrière de cet étonnant projet. 4,5/6