Akira Sakata & Jim O'Rourke With Chikamorachi & Merzbow › Flying Basket

cd 1 • 1 titre • 71:27 min

  • 1Flying Basket71:27

informations

Enregistré à la Steamroom à Tokyo en 2013, produit par Jim O'Rourke

line up

Chris Corsano (batterie), Darin Gray (contrebasse, percussions), Merzbow (électronique), Jim O'Rourke (guitare, harmonica, électronique), Akira Sakata (saxophone, cris)

chronique

J’aime beaucoup l’abstrait. Me demandez pas pourquoi, je vais le faire pour vous. Quand la musique est un échappatoire, c’est presque normal en fait. On vise l’altérité, la grande virée vers le large. Vers ces contrées qui ne font partie du monde que parce qu’on a su les inventer. Les sonorités étranges, rugueuses, absconses, ça me berce. Ça m’aide à dormir. Ça transforme mon petit univers enfermé dans le réel. Ça le transfigure. Ça le désincarne. Alors un disque comme celui-ci, pensez bien…. Un titre. Une heure et dix minutes. Cinq larrons bruyants et bruitistes (quatre noms dont un duo), ça pouvait que me plaire!

Ça démarre doucement pourtant. Sans un bruit. Comme une Tesla bien réglée. Et puis l’organisme protéiforme étend ses ailes. Ça y est. Akira lance les dés. On démarre en pente douce, mais ça ne durera pas. L’accélération est imminente. On change de vitesse. Trop tard pour faire machine arrière. Le brouhaha s’intensifie. Akira vocifère et tonitrue (si si c’est un mot je vous jure). Et la section rythmique, assumée par les deux compères New-Yorkais de Chikaramochi est endiablée, c’est le moins qu’on puisse dire. Quand le saxophone disparait, ce n’est que pour mieux laisser place aux élans guitaristiques d’O’Rourke.

Le géant Masami est lui aussi de la partie. Et on est bien loin du rendu archi brutal électromécanique auquel il nous avait habitué durant les 90’s. Juste des petites touches discrètes de filtres analogiques recroquevillés sur leur propre circuit, en auto-oscillation permanente. Comme les baguettes de Vander, toujours prêtes à frapper. Lui, grand orchestrateur de la libération des machines, se fait accompagnateur et se fond derrière un écran de grincements saxophoniques et de guitare malmenée. Ne vous y trompez pas. Ça virevolte et ça crie malgré tout. Encore et toujours. Mais avec tendresse pour une fois. On vous aura prévenu. L’abstrait parle de l’impossible rêve. Parfois jusqu’à la déchirure.

Ici heureusement le ton n’est pas toujours aussi grave. Les musiciens savent jouer avec les dynamiques et les intensités. Sans crier gare, on se retrouve dans l’oeil du cyclone. Le grondement se fait sourd, presque béat. L’ampli d’O’Rourke fredonne doucement sur les notes feutrées d’une contrebasse jouée à l’archet. Puis le guitariste, las de reposer sa main gauche, fait tourner quelques accords. On remonte la pente. On écarte les ailes et on prend son envol jusqu’aux cieux déments, irréels et farouches. Et on crie et on sue et on crie! Et on sue… jusqu’à l’égarement. Un labyrinthe de sensations dans lequel il fait bon se perdre.

Mais quand le compteur se termine, il en est plus d’un qui pourrait faire la grimace. Ce disque est parfois ardu, éreintant même. Mais si vous êtes du genre à rêver du néant les yeux grand ouverts, alors vous y trouverez probablement votre compte. Parce qu’il sent le danger, la fièvre et la testostérone sans être bas du front. Un éclatage de face en règle qui démontre que le Free n’appartient plus au siècle passé. Et qu’il est temps d’aller de l’avant. Vous êtes prévenus.

note       Publiée le dimanche 10 avril 2022

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    saïmone Envoyez un message privé àsaïmone
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    Line up de fou (Chris Corsano bordel) pour un disque bien moins extrême que ce à quoi on pourrait s'attendre. En tout cas un des meilleurs représentants de ces rencontres (trop souvent ratées) entre le free jazz et le free rock. Hyper cool

    Note donnée au disque :