Whispers In The Shadow › The Eternal Arcane

Depuis 2008, les Autrichiens de Whispers in the Shadow ont franchi un cap, exit les influences Cure et un peu cold, ils se sont tournés vers l’occultisme avec sincérité et intérêt mais aussi recul (le projet The Ðevil & The Uñiverse), assumant de fait une identité orientée gothic rock plus marquée… Ah, merde, j’ai déjà écrit ça pour la chronique de ‘Into the arms of chaos’ ? On va donc pas remâcher le truc à outrance, on va simplement dire que le tir est confirmé, ce n’était pas un one shot. Personnellement, je trouve ça plutôt bien, voilà qui a donné un bon coup de pied à l’étrier au moment où le combo courait un risque de se diluer et se lasser; rien de tel que du noir authentique au lieu d’un gris délavé. Un tableau trop idyllique ? Je le pourfend d’emblée, histoire de faire un peu chier, Whispers in the Shadow ne sont pas un groupe à tube, c’est probablement ce qu’il leur manque pour les hisser un cran au dessus (bien qu’ils soient à un degré de gradation très honnête). Qu’on ne se méprenne pas sur le sens de mes paroles, Ashley Dayour écrit des chansons franchement efficaces, puissantes, aux ambiances soignées qui plus est mais pour clarifier le propos, je dirais qu’elles nagent entre deux eaux, nettement meilleures que celles de beaucoup de projets mais dont on peine à extraire LE hit. Tout simplement parce que les candidates à cette appellation sont nombreuses sans que le jury ne parvienne à se décider. Et ? C’est un défaut ? Pas du tout, cela fait simplement des Autrichiens des artistes dont on écoute les albums plus que les morceaux. Pas mal de pêche dans les attaques de guitare, de la conviction dans le chant, des arrangements travaillés, des percussions qui varient leur palette d’action, une touche de mélancolie, tout est bon, même très bon mais rien n’est excellent, ce disque ne déroge pas à la tradition. Maintenant que l’image d’Epinal est fendue, j’empoigne mon tube de glu verbal. Parce qu’à une époque où en Europe trouver des groupes goth rock réellement sombres, impliqués, pas juste des clones pâlichons de Rosetta Stone ou Nösferätü, eux-mêmes copies pas folichonnes des grand noms, n’est plus si facile, la musique de Whispers in the Shadow, elle, tient le cap et remplit son cahier des charges avec talent depuis pas mal d’années en plus, sans passer par des grands circuits. En fin de compte, contrairement à ce que laisserait présager mon début de chronique (fallait un brin de suspense), cet album est fichtrement jouissif avec des moments vraiment prenants (l’excellent ‘Amenta descending’, un ‘Blessed in disguise’ plus calme aux influences psychédéliques lointaines de bon aloi, un 'The wheel of pain’ lourd et surpuissant qui donne envie de hurler à la lune en headbangant, ‘Clouds without water’). Disque un poil long où tout n’est pas essentiel mais où rien n’est superflu, ‘The eternel arcane’ propose un voyage varié, sombre, mystique mais bourré d’énergie dans la vision pré-apocalyptique d’une civilisation sur le ballant qui peut encore inverser son destin.