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Letten 94 › Empty landscapes

cd • 4 titres

  • 1Empty landscapes
  • 2Red lights soft skins
  • 3Where no one goes
  • 4Electric blue

extraits vidéo

informations

Collectif Glaucal, Suisse

https://letten94.bandcamp.com/music

line up

Dolorès (chant, guitare), Freddy Von Ballast (synthés, choeurs)

chronique

Pour tout(e) Suisse de ma génération, l’évocation de la gare du Letten évoque des images sombres. Suite à la fermeture du centre autonome provisoire de Zürich en 1982, un certain nombre de toxicomanes y traînant investissent un parc près de la gare, le Platzspitz, sous l’oeil tolérant des autorités qui pensent que groupés, ces gens seront plus facilement gérés, identifiés. L’endroit devient une scène ouverte de la drogue où prostitution, rixes, overdoses, criminalité, deviennent le lot quotidien sur fond de profonde misère sociale. Les junkies y pourrissent en plein air dans une crasse, un délabrement terrible, qui choquent l’Europe. La Suisse toute proprette en plus d’abriter les comptes de toutes les pourritures de la planète dévoile un aspect bien glauque de sa personnalité. Les conditions de vie infectes, le partage de seringues dégueulasses, la baise sans protection pour trois sous, accélèrent comme il se doit la propagation du VIH et sous la pression, les autorités finissent par faire fermer cet endroit éthiquement honteux, lequel se déplace d’une centaine de mètres dans une gare désaffectée elle aussi close en 95 pour renvoyer les différents toxicos dans leurs cantons d’origine. Il faut y aller au bulldozer pour dégager la merde accumulée et on a peine à croire en arpentant ce parc aujourd’hui aux scènes d’horreur dont il s’était fait le théâtre (votre serviteur parti y acheter du shit en 88 avec des potes en est encore traumatisé). Une copie helvétique de Lebanon Hanover a choisi ce souvenir pour nom, comme pour évoquer la dystopie de ces images. 1994, année de renouveau, de fin d’une époque, pour le meilleur et pour le pire… Niveau style, c’est du déjà entendu, du déjà très entendu même mais le format laisse à supposer que le duo en est à ses débuts et qu’il ne s’est donc pas forcément forgé une identité complète. Niveau musique, le taf est bon, musique froide, minimale, synthétique, avec quelques guitares cold, un ou deux sons rêches, un chant féminin profond, pas aussi monocorde que celui de Larissa Icelgass mais évoluant dans le registre. Si l’on fait abstraction de la parenté très prononcée avec Lebanon Hanover, ces quatre morceaux sont agréables, dégageant une grisaille évoquant volontiers les paysages défilant derrière la fenêtre perlée d’un wagon, un jour pluvieux. Monotonie constante, tristounette, avec quelque pics, quelques images fugaces vite dépassées pour faire place à de nouvelles (impressions assumées sur ‘Empty landscapes’ et son beau clip). Le groupe tente bien de varier un peu le propos, ainsi sur ‘Electric blue’ où la chanteuse se montre plus expressive (on songe volontiers à Kas Product), de même qu’avec quelques sonorités bien trouvées (‘Where no one goes’). La concurrence est rude dans le style mais la musique des Suisses ne manque pas de consistance, de professionnalisme, tout au plus doit-elle encore mûrir, mieux polir son identité. Visiblement, ils en veulent, il n’y a donc pas de raison que les résultats ne suivent pas. Un 4 au final, non car ce sont des compatriotes mais parce que je crois en leurs possibilités.

Bon
      
Publiée le lundi 28 mars 2022

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    Richard Envoyez un message privé àRichard

    Dolorès - Larissa, même combat pour les Suissesses. Pas nécessairement désagréable mais l'ombre du duo anglo-suisse est tellement prégnante que l'adhésion ne peut naturellement pas être totale.

    Message édité le 04-04-2022 à 06:11 par Richard

    nicola Envoyez un message privé ànicola

    C’est dans cette gare du Letten que le Child in a tree des Young gods a été retrouvé ?

    Message édité le 28-03-2022 à 17:27 par nicola