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SpaceGhostPurrp › Mysterious Phonk: The Chronicles of Spaceghostpurrp

  • 2012 • 4AD CAD3236 • 1 CD

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Raven      dimanche 17 avril 2022 - 03:34
Int      jeudi 11 janvier 2024 - 09:28
Ntnmrn      dimanche 17 avril 2022 - 10:36
cyprine      samedi 21 mai 2022 - 10:55

cd • 14 titres • 57:56 min

  • 1Mystikal Maze
  • 2Bringing The Phonk
  • 3Osiris Of The East
  • 4Suck A Dick
  • 5Get Yah Head Bust
  • 6Been Fweago
  • 7Grind On Me
  • 8The Black God
  • 9No Evidence
  • 10Paranoid
  • 11Danger
  • 12Elevate
  • 13Don't Give A Damn
  • 14Raider Prayer

informations

Cet album est essentiellement une collection de remixes de morceaux plus "bruts" existant sur les précédents E.P.

line up

SpaceGhostPurrp (MC, production)

chronique

  • trve avtistik mvzik

Nuit de fin, d'été, et des années 2010. Petite brise, humeur grise. Envie de marche en musique, évènement dans mon micro-monde ritualisé... Sans trop y croire, élection de ce disque pour ma ballade d'auditeur blasé. L'album d'un rappeur autiste, certificat médical quasi à l'appui, avec des canines chromées et un Félix le Chat tatoué sur la main. Promenade des quartiers résidentiels aux zones industrielles, en retentant la chose au casque. Ce "traitement" des lieux, comparable à celui que proposent leurs forêts chéries à nos amis black-métalleux, s'est révélé un allié précieux pour saisir, à fleur d'écouteur, toute la puissance larvée de ce rap made in Florida. Son magnétisme profond. Son... Pouvoir. "It's all about Po-weeeerRRR (vice repetita)". Pourtant, ce hip-hop a-beat-al - ouais, c'est un jeu de mot-valise avec "abyssal" - m'était d'abord apparu comme un simple miasme de la production informatique "ère streaming", autant qu'un énième protagoniste sans vision de ce hip-hop ramolli au syrup que popularisèrent Three 6 Mafia. Un bidule musical buté, sans but... Inutile. Tournoyant sur ses vulgaires fixettes, phalène au mic. En boucle, en vain. Et puis... Au détour de la lueur nécrorange des réverbères, au passage d'un matou jaugeant mes pas approchants, d'une rame Ouigo vide traversant ce pont moche, cet album s'est approché de moi, au plus près, m'a injecté ses mauvaises ondes, et m'est apparu comme un pur vortex, aspirant toute mon attention, mon émotion, me plongeant dans un état de stupeur totale, et me rendant frustré d'être dénué de capuche... avant de me rendre compte que la capuche était déjà dans ma tête. Shiiiiiiiiiit. Lapin dans les phares, corbeau a compris. Tout était là, tout est là.

Effaré, à demi-conscient du monde alentour, ne faisant que marcher avec une tête d'ahuri, j'ai pigé une chose, aussi nette, aussi froide, aussi dure que cette sensation d'échec qui me maintient le cœur écarquillé avant de dormir, chaque nuit davantage, tandis qu'approche cette quarantaine qui menace de me confiner : je ne tenais pas là un énième avatar jetable du hip-hop "internétisé", torché en deux-deux par quelque drogué jetable... mais bel et bien LE disque de rap sombressentiel des années 2010. Celui qui dit tout avec trois fois rien. Celui d'un hip-hop expérimental non conceptuel mais instinctif, abstract sans un pète d'intelloïde, que du nucléide, du crapuleux, du neurone souillé, des menaces maugréées avec une détermination de robot... Un hip-hop souterrain arrivé au bout du bout, qu'un déchet habile a tissé à la façon d'une veuve noire en jogging phosphorescent. Celui avec l'ambiance la plus immersive, qui me bloque dans un coin de moi-même et m'isole, sans prévenir. Le disque de rap, s'il y en a un, juste un, à retenir de cette décennie immacu-laquée comme une boutique de téléphonie mobile. Et ce même si "Been Fweago" est ici dans une version plus lissée et que l'originale est digne de Moodie Black... La mère-matrice d'un nombre incalculable de "skeuds", qui souvent ne sont que des app', pas assez deep, alors qu'ici tout, TOUT infuse en profondeur pour vous vandaliser les méninges... La raison de ma présence sur ce site, c'est tout. L'ignobliable "Raider Prayer" m'en soit témoin. Pas juste un de ces disques de mumblers qui passent à la trappe, nan, du tout. Même si aux premiers contacts, le meneur du Raider Klan peut sembler n'être qu'un pion de plus parmi tous les emcees du cloud qui pullulent et se confondent entre eux... Et pis déjà, Spaceghostpurrp, c'est quoi ce nom, hein ? C'est moche comme deux emojis suivis d'un rot. Mais ça lui va quand même, bizarrement. D'façon il a pas besoin de blase ni de lyrics pour nous soumettre à ses ambiances cousues main, uniques, à son flow de djinn, qui sans avoir l'air d'y toucher renvoie à des abîmes de solitude asphyxiante dignes des plus agoraphobes Tricky... Recette secrète, mono-MC, mono-producteur. Mais il est Eux. Ou pour citer notre brillant Vîrus : "ce qui est bien quand t’es vraiment tout seul… C’est que tu commences à être plusieurs". Ce que semble confirmer cette pochette d'essence psychique, autant que quantique. Onde, corpuscule... groupuscule. Purpp est seul, mais plusieurs... Tendez bien l'oreille, vous êtes cernés. La nuit blanche ne fait que commencer.

Mysterious Phonk est structuré de façon ultra-linéaire et ultra-plate, comme tous les disques de ces rappeurs abreuvés de purple ? Mais il est d'une richesse réelle, foisonnante sous son apparent minimalisme, fractale sur base restreinte de samples, et d'un magnétisme qui a son propre langage, sa propre efficience. Ses prods sont en réalité riches de strates, de détails, tous malveillants, tous conçus pour tisser cette toile vicieuse. Murmures ("No Evidence" !), gémissements, cliquetis, scintillements, sons d'origine non-humaine, couinements d'une pseudo-réalité concourent tous au glauque absolu et singulier de ces Chronicles, puisant dans le spatial comme dans le tribal ("Get Yah Head Bust", du Dead Can Dance-rap ? Expliquerait-elle à elle seule pourquoi la présence du MC sur 4AD ?)... Une bestiole bien à part en terme de possession de l'auditeur. Ce rat n'est pas juste un rat : c'est Maître Splinter. En direct du sphincter de l'ère internet : "Danger", plus sordide que les pires poupées d'Aaron Funk ou vos power electronics pédo-moches. Et le rythme de c't'ambiance qui, oh... Obsède... Cautérise l'humeur, l'incarcère. Répétant la même phrase sous sa capuche, encore, encore, encore, encore... Buté. Tuant. Les morceaux ne semblent pas avoir de réel début ou de fin. On pourrait tous les passer en repeat à l'infini, jusqu'à disparaître dedans. Le temps est leur pute. Ce ne sont que des boucles obsessives, a priori générées par un logiciel radin ; pourtant truffées de motifs subtils, de chuchotis spectraux en stéréo, cliquetis 1000% synthétiques, armada clignotante vouée à maintenir les synapses en état d'attente insatisfaite, pour mieux les emprisonner, selon une suite de chiffres implacable... Hacking mental au cours duquel des paroles aussi banales que "Suce une bite salope", sur des samples de casting porno amateur, peuvent prendre des proportions de cérémonie occulte dans les tréfonds d'un ghetto n'apparaissant pas sur Google Map. SGP use de ses mots simples comme d'un langage codé, inné, avance à pas de loup solitaire... Mais ce loup n'est pas un loup, c'est une loop, et cette loop n'est pas une boucle, c'est une bouche, et cette bouche c'est la nôtre, ouverte à bavouiller dans la cage mentale de Spaceghostpurpp, et on en sortira pas, on se répète "on en sortira pas". Trop tard, fils de pute de pas autiste : Raider Man t'a pris en otage dans sa boîte crânienne. À présent le voici juché sur la triomphante, supra-sinistre "The Black God", à te regarder dodeliner sur ses mots, loin de tes neurones, si près de lui... "I got to have the world in my hands - I'm a God - I'm no longer a black man..." Son micro-monde est plus vaste que tu ne le pensais... Mais tu y es incarcéré. Mange tes murs. Il est trop tard, tu l'as pigé. Piégé. Captif de sa spirale de flow et de prods, ligne de cachetons au bout de laquelle toute humeur, positive ou négative, sera annihiliée, pour ne laisser qu'un œil vitreux à la place, fixant les derniers spasmes de ce petit chien ridicule qu'on nomme égo.

note       Publiée le dimanche 17 avril 2022

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Raven Envoyez un message privé àRaven
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IntoXXX bute, et mérite son 5 minimum (toxicité plus luminescente, instrus plus expé-bigarées, peinturlurées de motifs phosphorescents telles les silhouettes d'ATCQ ou les membres de Punish Yourself, plus flashy dans son surnaturel en somme, bref comme sa chéchette), mais l'expérience que j'ai avec celui-ci est de niveau mystique.

Note donnée au disque :       
surimi-sans-mayo Envoyez un message privé àsurimi-sans-mayo

Denzel Curry il est surcôté à fond, c'est jamais plus que pas mal. Sinon chez ce mec c'est surtout la mixtape IntoXXXicated que je retiens, ambiance X-Files au fond d'un strip club bien dégueu, plus collant que celui-ci.

luapluap Envoyez un message privé àluapluap

Ah ouais carrément 6, j'avais trouvé ça sympa mais relou, pas réécouté depuis l'année de sortie... J'aime beaucoup Denzel Curry qui sort de l'équipe du gars.

miss guts 2008 Envoyez un message privé àmiss guts 2008

DROAP

miss guts 2008 Envoyez un message privé àmiss guts 2008

FOCKIN