‘Punk, un jour, punk toujours’…’Vampire un jour, vampire toujours’, lapalissade hormis en cas de décapitation ou de cœur brisé au pieu; reconnaissons quoiqu’il en soit aux membres du clan Nösferätü une constante dans la fascination pour les vampires et les trémas. Vlad Janicek, le membre fondateur éconduit en propose sa propre lecture avec le projet Vampyrëan. Nulle surprise donc à y dénicher nombre de tics caractérisant les premiers albums de son ex-groupe. Cela débute par une valse évoquant davantage ‘Edward Scissorhands’ qu’une quelconque diablerie dont le thème sera repris sur ‘In vein’. Beaucoup d’éléments déjà entendus dans ce gothic rock plaisant mais sans grand relief avec cette fois pourtant, il faut l’admettre, une production solide. D’ailleurs, sans casser le suspense, voilà un album qui mérite d’être écouté jusqu’au bout pour le saisir pleinement. Constater la présence de Chris Pohl, Sven Friedrich en guests n’est pas très charmeur (les années Terminal Choice et Dreadful Shadows sont bien loin), plus surprenante, celle de Aaron Stainthorpe de My Dying Bride. Ce dernier assure plutôt correctement le job même s’il est difficile d’entendre autre chose qu’une version mieux produite et plus musclée de Nösferätü. ‘The beast within’ pourtant décline une vraie ambiance de rock vampirique avec orgues, bruits chelous, climats torves et une vraie batterie conférant une pêche appréciable. Car Janicek affectionne le classique comme le démontrent ‘Blood countess’ (palme du titre le moins original ?), ses cordes, son piano, son feeling romantique dépressif avec chant idoine, montées de percussions pour une seconde partie plus chargée en électricité. Il est vrai que en solo déjà l’homme s’est souvent montré plus audacieux en matière d’arrangements que ses ex-collègues. ‘The hunger’ est vraiment bon, pas novateur pour un clou (de cercueil), mais plaisant pour du gothic rock de seconde zone avec son climat nocturne et pluvieux. ‘Your nightmare’ s’annonce d’emblée plus tendu dans le jeu de guitare, plus balourd aussi, ce que confirme le chant qui surjoue le couplet prédateur et le refrain faussement metal. Clairement le titre le plus faible malgré un jeu de gratte efficace. Même un ronchon de mon acabit se doit pourtant de reconnaître qu’assez vite et imperceptiblement, l’album s’est drapé d’une véritable ambiance nocturne, sombre, un peu cinématographique certes mais dans laquelle on se coule avec bonheur. Après deux chansons interprétées par Janicek vient la collaboration avec Sven Friedrich qui rappelle que même s’il s’est fourvoyé dans des daubes après le split de Dreadful Shadows, il reste un bon vocaliste. Un épilogue pleurnichard au parfum de valse hivernal conclut de manière étonnamment prenante et adéquate. J’ai toujours nourri des relations ambiguës avec Nösferätü, me faisant un malin plaisir de leur casser du sucre sur le dos tout en les dégustant comme un loukoum un peu gras. Même réflexe ici, c’est clairement du série B mais plutôt géré. Janicek fait montre d’un minimum de talent pour écrire et scénariser des climats même si je ne saisis pas l’utilité de temps d’invités qui n’apportent pas beaucoup de corps à l’ensemble (exception faite du batteur). Je laisse aussi au bonhomme le doute du premier essai pour lui permettre de prouver la véracité de ses crocs. On est bien loin du chef-d’œuvre mais après tout, même si je déplore que des tels passionnés ne creusent pas davantage la complexité du vampirisme, ‘Dracula’ reste du roman de gare bien écrit… 3,5/6