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And Also The Trees › Silver Soul

cd • 10 titres • 50:26 min

  • 1Nailed
  • 2Blue Runner
  • 3Rose-Marie's Leaving
  • 4The Cyclone
  • 5Where The Souls Meet
  • 6Get Critical
  • 7Before The Power Goes Down
  • 8The Obvious
  • 9Jewel Park
  • 10Highway 4287

informations

line up

Steven Burrows (basse, trompette), Nick Havas (batterie, bongos), Simon Huw Jones (chant), Justin Jones (guitare, orgue)

Musiciens additionnels : Paul Hill (batterie ("Rose-Marie's Leaving")), William Waghorn (trompette)

chronique

Silver Soul, dernier volet d'une sorte de trilogie américaine pour And Also the Trees, est-il donc leur album le plus... Las Vegas ? En tout cas l'un des plus lumineux, et hétérogènes. Presque un album de variété. Et pourtant, comme chantait l'arménain, c'est encore d'une classe folle. Le raffinement du rockabilly "Where the Souls Meet" m'en soit témoin. Silver Soul est armé d'un swing, d'un cool qu'on ne leur a pas toujours connu, qui combiné au tragique peut donner des petites merveilles, telle la splendide "Rose-Marie's Leaving". Si sur l'intro on est cueilli par une manière de cavalcade à la Cop Shoot Cop soft croisé Nick Cave - en moins grossier et en mieux fringué - les frères Jones redistribuent les cartes, muent et mutent sans cesse au gré des lumières et humeurs, avec l'aisance des artistes archi-rodés. D'une teinte de cravate mélodique à une autre, jamais en panne d'inspiration pour faire de ses boutons de manchette des pendules d'hypnose. En toute décontraction. Au plus près du lounge haute couture, rétro-orienté par l'évocation de toute un pan de culture US des années 50. Un vrai pot-pourri de clichés musicaux savoureux, sublimés avec un soin maniaque, de cette guitare grinçante-clinquante à ce chant plus digne qu'un grand duc perché sur le rebord d'une vasque à champagne en or 24 carats. Avec toujours cette patine vintage noble, que dénote ce sentiment permanent de fac-similé, si lié à And Also The Trees. Or, cela n'est jamais un défaut avec eux : rien ne détonne dans leur parade, même pas une ou deux touches house. Ils ne se réfugient pas dans un passéisme régressif ; ils utilisent - mais seulement quand ils le jugent nécessaire, donc avec parcimonie - ce que la décennie déjà finissante a à leur offrir d'éléments modernes. Mais ceci étant avant tout la musique d'un rêve, elle n'a pas vraiment d'époque.

Silver Soul est donc ce jukebox onirique dans lequel des standards inconnus s'enchaînent, soulevant poussières de points d'interrogation et passerelles temporelles d'une ambiguïté exquise. Telle cette pin-up curieusement marquée de l'initiale du Roi. Avec à la clé, des ambiances allant du bouge luxueux à un soap opera délicieusement désuet : "Jewel Park", selon l'angle, peut convier Hélène & Les Garçons ou... Twin Peaks. Lynchienne, plus que jamais - ils sont encore sous le choc de Lost Highway - la musique d'And also the Trees semble n'avoir jamais été aussi propice à l'écoute "décorative", au meublement sonore... Après tout, leur style rien qu'à eux a toujours eu cet aspect "visite au manoir", non ? Et ici nous sommes définitivement dans le bar du manoir, après en avoir visité les salons, la bibliothèque, les chambres. En fond musical dans un bar, d'ailleurs, Silver Soul ne détonnerait nullement... Mais il faudrait que le bar soit sacrément classieux, et les cocktails concoctés par un authentique alchimiste en redingote. Qui déclinerait subtilement de vieilles recettes. And also the trees, avec leur distinction extrême, ont ce talent pour vous interpréter des musiques déjà enregistrées mille fois, mais comme si elles étaient enregistrées pour la toute première fois. Que dire de ce final, sinon qu'il est bouleversant de simplicité ? Qu'on ressent bien dans cette "Highway 4287" le passage au préalable d'une vague trip-hop/electronica, les similitudes possibles avec le Depeche Mode d'Ultra, ou les essais futurs d'Ulver dans ce style... Et que pourtant, ces années 90 renvoient à des temps bien plus proches de la bakélite que de la platitude galopante des écrans. On ne revient pas de ce film avec une sensation de gouffre existentiel, comme on était sorti des limbes dans lesquelles végètent leurs chefs-d'œuvre passés ; mais plutôt avec une impression de profonde sérénité, teintée de vague-à-l'âme juste ce qu'il faut. Encore mystifié par l'évidence étrange qu'est ce groupe, éternellement lié à son quasi anonymat cosy. Qui toujours semblera s'y complaire pour mieux tisser son spleen si spécifique. Et ce sans aucun snobisme ; juste parce que c'est la politesse qui l'ordonne. Loti dans le sofa de ses songes en dérive, parmi les siens, partageant ces cartes postales d'un passé qui n'a peut-être jamais existé, avec des membres de sa famille qui n'ont jamais été rien d'autre que des ombres muettes. D'où l'écho, peut-être. Ou, pour citer Joachim du Bailey's : "Malheureux qui comme Ulysse, est toujours mis sur son trente-et-un".

note       Publiée le mercredi 9 mars 2022

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le petit EP "Nailed" qui accompagne cet album , est très bien aussi , j'aime bien ces guitares fuzz.

Note donnée au disque :