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God Is My Co-Pilot › Speed Yr Trip

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Dioneo      lundi 28 février 2022 - 17:41

cd/lp • 26 titres • 34:05 min

  • 1Little Ghosts0:48
  • 2Down Down Baby1:01
  • 3They Often Look Fr.0:57
  • 4In Too Deep0:12
  • 5Angels in the Air0:55
  • 6Los Mas Sabrosa1:00
  • 7No Cross, No Crown2:12
  • 8Anyone But You1:06
  • 9Fat0:28
  • 10C'Était une J. Fille1:23
  • 11Home1:46
  • 12Woman Enough1:46
  • 13On Lust0:39
  • 14Catherer0:40
  • 15Drave0:58
  • 16Late Last Night1:29
  • 17Comfort1:29
  • 18Zonebloem1:23
  • 19Kingdom in the Flesh1:18
  • 20Hair in Mouth2:31
  • 21Poke0:09
  • 22Complete Control1:20
  • 23Smirk0:26
  • 24Go What1:51
  • 25Brought Up Short0:32
  • 26Scratch & Sniff5:36

informations

Produit par Craig Flanagin. Enregistré par Don Fury en décembre 1991. « 95% live en studio, assemblé au Zoar ».

Photos : Rich Unhoch.

line up

Michael Evans (batterie), Craig Flanagin (guitare, batterie, basse, voix, machines), Sharon Topper (voix), Siobhan Duffy (batterie, voix)

Musiciens additionnels : Jad Fair (mégaphone, guitare), John Zorn (sax), Chris Pelletieri (batterie), Fly (voix), Daryl K (voix), Andy Haas (sax)

chronique

Sharon Topper et Craig Flanagin – le couple/noyau queer (souvent très entouré, et très diversement) de God Is My Co-Pilot – ont déclaré un jour avoir choisi [co-opting] « le rock, le langage du sexisme » à dessein, pour parler de l'identité de genre, en « traiter/questionner la complexité selon ses propres critères » [to address gender identity on its own terms of complexity]. Oui : ça sonne nettement comme un manifeste. Oui : c'est une définition possible du « queercore » – et qui pose d'emblée ledit mouvement (car c'en est un, justement) comme autre chose qu'une simple histoire de musique, de scènes au sens francophone. C'est que comme le Riot Grrrl – le rapprochement n'est pas innocent, pas fortuit – le Queercore n'a pas été D'ABORD une question « purement artistique », de pur spectacle de divertissement. C'est que – comme le Riot Grrrl encore, et à peu près à la même époque – le Queercore est né avant tout comme chose d'expression, d'activisme politique, social, via des fanzines avant même que les groupes se forment, prennent des instruments. Ou plutôt, sans doute : c'est que pour celles et ceux là, les deux impulsions – l'ouvrir publiquement et articuler consciemment un discours ; choper tout ce qui pouvait faire du bruit, l'amplifier, faire caisse de résonance, c'était un seul et même motif. D'où cette impression, aussi, je crois – une dernière fois : comme dans le Riot Grrrl – qu'aussi franche soit l'attaque, aussi directe soit l'expression, au point parfois que les textes de ces groupes sonnent comme la lecture pure et simple de tracts, eh bien... La musique, là-dedans – sa création, les idées, la forme le plus souvent délibérément brute mais pas moins souvent travaillée en profondeur pour ne pas sonner « juste du punk » – n'est jamais oubliée, ne passe pas au second rang, "après" le propos. Forcément... Puisque dans l'optique rien ne sépare, en substance, l'une de l'autre.

Voici donc : God Is My Co-Pilot (alias GodCo). Flaningin et Topper, donc, ici avec d'habituels comparses et des invités seulement de passage (John Zorn, tiens... ici dans l'incapacité de jouer à la vedette, de passer devant dans le fracas global, stridences familières ou pas. Jad Fair, entre autres – idem, même carrément pas identifiable, « détachable »). GodCo qui cite Bartók, dans les notes de pochettes – sur les formes brèves et l'accomplissement pas moindre des chansons, des mélodies folkloriques, aussi abouties pour lui que n'importe quelle symphonie, dans leur substance. Qui balancent, eux, plutôt une espèce de no-wave tout en grincements, larsens modelés et syncopes pas rarement funky – BIZARREMENT funky, OK, le cassant rythmique encore accentué, jusqu'au coupant, et les comptes volontiers impaires ou mouvants... Mais la basse bien là pour faire danser, les groove pas du tout ratatiné par les débordements et riffs et timbres obliques. GodCo qui reprennent des chansons paillardes en français quelque peu estropié – C'était une J. Fille, en réalité une vieillerie ailleurs nommée Son Voile Qui Volait, jadis reprise par des groupes aussi subversifs que (… hum hum...) Les Charlots ; mais qui, on s'en sera douté, prend chantée comme ça une toute autre allure, change un peu les implications. GodCo qui dans le même livret cite aussi Gertrud Stein – en un paragraphe pas moins concis que certains de leurs morceaux, et pas plus embarrassé de fioritures. GodCo qui joue avec cette manie des censures en tous genres d'enlever des lettres à certains mots pour les évoquer comme s'ils étaient sales, en déplaçant l'absurde de ce sur quoi ça porte – They Often Look Fr. (pour French, oui... décidément). Qui mettent en scène des dialogues explicites – sur les « j'aimerais que tu sois un homme » et les réponses « mais non, car j'en suis un » d'une sans trop de doute assignée femme. Qui truffent leur tracklist de titres bien explicites – « du poil dans la bouche », il vous faut un dessin ? Ou alors qu'on écoute... Des fois que ça causerait si ça se trouve, ou aussi, d'autre chose ?

GodCo qui dans tout ce foutoir parviennent à n'être jamais assommants. Parce que voilà ; c'est drôle ; et plein de tours d'imagination qui ne jouent pas l'illusionnisme, qui s'amusent seulement à tout tourner vers un inattendu qui ne sonne d'un coup pas comme de l'incongru, qui vous suggère plutôt « au fait, et si... ; vous en dites quoi vous à qui on serine depuis toujours que certainement pas non alors que dites-voir, et si bien au contraire ? » ; parce que – boucle débouclée – tout ce méli-mélo pensé et jeté cru reste toujours foutrement musical ; parce que c'est excitant, leur truc – musicalement et autrement. Parce que comme iels disent ailleurs, on a beau « n'être pas ce corps », la tête n'est pas prise là comme prétexte d'un autre diktat – et qu'on ne va pas pour autant cesser de se balancer en toute bienveillance et envies explicitées (et vêtues, parées, équipées de divers attributs...) dans une sorte de pogo pas fait pour frimer en maître.sse de territoire. Mais pour se toucher.

GodCo ça se touche, alors ? Ouais. Mais pas au sens artsyfartsy – ou alors se servant de ça pour n'être pas tou.te.s seul.e.s à jouir (ou pire - à simuler) dans son coin. C'est inclusif – eh oui ; je me prends au jeu aussi, allez – autant que ça rejette, exclut. Ça balance, j'insiste. Mais pas entre quelques deux tièdes indécidables. Ça embrasse qui et ce que ça veut, tout ce que ça veut dire et faire. Et vous ? Ben c'est vous qui voyez – si la proposition, si franche et si multiple, vous paraît bien tentante... De commencer par là, décliner, de sauter au hasard ou non à ce point là ou un autre de leur multiple abondance.

note       Publiée le lundi 28 février 2022

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    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo  Dioneo est en ligne !
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    Celui-là est cool pour s'y essayer - c'est leur bordel habituel free-noise-rock-post-punk avec stridences et groove pété et morceaux de trois secondes quand ça les prend, mais avec une répartition plus "équilibrée" de tout ça que sur d'autres, un son cru/brut mais qui fait pas démo et un propos quand-même un poil plus resserré (même si dans leur cas ça peut paraître très relatif comme terme) qu'ailleurs. Je ne sais pas si ça te plaira mais je me dis que ça pourrait (c'est pas incompatible avec certains trucs anarcho-punk qui tirent le plus sur l'expé, je trouve, "historiquement/philosophiquement/etc." et parfois sur certains aspects de la forme - avec un angle "très new-yorkais", par contre, c'est sûr, et forcément ça se sent dans le "rendu").

    Message édité le 02-03-2022 à 20:54 par dioneo

    Note donnée au disque :       
    Shelleyan Envoyez un message privé àShelleyan
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    Je connais ce groupe de nom depuis plus de trente ans et j'ai jamais été réellement fichu de jeter une vraie oreille sur ce groupe. Il faut vraiment que je m'y mette.

    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo  Dioneo est en ligne !
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    Bah t'en es vraiment pas loin, pour le nom du groupe... C'est le titre de l'autobio d'un certain Robert Lee Scott, commandant des "Tigres Volants", un escadron de volontaires américains formé en 1942, et qui était basés en Chine pendant la guerre sino-japonaise. Le mec se vantait d'avoir descendu 13 avions japonais entre juillet 1942 et octobre 1943, et ensuite, après un retour aux US, il est retourné en guerre, comme pilote de chasseur-bombardier "spécialisé dans les attaques au sol". En passant, les "Flying Tigers" c'est de là aussi que venait Gregory "Pappy" Boyington, le mec qui a inspiré le personnage du même nom dans la série Les Têtes Brûlées (Baa Baa Black Sheep en V.O.), qu'ont bien connu les enfants de ma génération. Donc oui, tout ce que tu cites y est : le nationalisme, l'héroisation/érotisation de la violence militaire... Même le gros navion qui fait vroom vroom sur la pochette, ouep. Tout ça bien entendu pris complètement à contrepied par celleux du groupe - cf aussi et entre autres leur Sex Is for Making Babies qu'on avait écouté en route pour les Ardennes avec les José ! (Et que je compte chroniquer sous peu, pour continuer avec les GodCo).

    Message édité le 09-11-2022 à 18:32 par dioneo

    Note donnée au disque :       
    Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

    on en a tellement entendu parler ici que l'impression qu'iels étaient dejà chroniqués est bien réelle. Une brouettée de disques pour une quantité de visuels souvent très réussis, bien à elleux mais très 90s aussi. Bon et ce nom de groupe, ça vient d'une citation d'une émission évangeliste, forcément? Il révèle un truc très sexuel, nationalistoevangelicosouslesdraps, l'avion la patrie, toussa.