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Jean-Luc Le Ténia › Le meilleur chanteur français du monde

  • 2002 • Ignatub igna0003 • 1 CD

cd • 41 titres • 63:38 min

  • 1Les chaussettes de bébé2:16
  • 2Seul de nouveau1:10
  • 3Bertrand Cantat2:01
  • 4C’était la première fois0:24
  • 5Rillettes du Mans1:24
  • 6Alors je fais des chansons (Live)1:52
  • 7Un monstre d’érotisme1:36
  • 8Votre gourou1:17
  • 9Un poutou1:54
  • 10Si tu me quittais des yeux2:32
  • 11Oh zut !1:44
  • 12Russ Meyer1:39
  • 13Caroline n’a pas de cœur1:52
  • 14L’aspirateur1:07
  • 15Un vieux pervers1:24
  • 16Contre le cannabis1:30
  • 17Trop beau0:51
  • 18Tu embrasses tous les garçons1:21
  • 19Pas comme ça1:12
  • 20Infirmières0:31
  • 21D’accord0:51
  • 22Si j’étais une nana1:24
  • 23Elle a de l’humour0:48
  • 24Elle rote2:06
  • 25Laurent Boyer1:33
  • 26Les Jean-Lucs0:44
  • 27Rock-star au Mans2:23
  • 28Tes sourcils1:15
  • 29Les yeux marron1:40
  • 30Dans le soutif1:26
  • 31Slurpée0:47
  • 32Tu ne veux pas0:31
  • 33Star à jamais1:35
  • 34Tu es un amour0:54
  • 35Je t’aime ! (Live)1:42
  • 36Au coin de l’oreille1:15
  • 37Et les filles1:18
  • 38Le meilleur chanteur français du monde4:05
  • 39Le vendredi soir1:25
  • 40Fous-moi le camp!3:01
  • 41JEAN-LUC !3:18

informations

"Alors je fais des chansons" enregistré au Lézard du Mans, "Je t'aime!" enregistré au Me Bus de Paris.

https://souterraine.biz/album/le-meilleur-chanteur-fran-ais-du-monde

line up

Jean-Luc Le Ténia

Musiciens additionnels : Mathieu Champs (choeur sur "Caroline"), Gildas Marinais (choeur sur "Caroline"), Anthony Beaufils (choeur sur "Caroline")

chronique

Jean-Luc Le Ténia s’auto-proclame « Le meilleur chanteur français du monde ». Si lui ne le fait pas, qui le fera ? À part Didier Wampas bien sûr, une de ses idoles (avec Daniel Johnston) qui mettra le pied à l’étrier de ce type du Mans banal mais pas banal, employé à la médiathèque de son état. Il aurait bien pu nommer cet album (premier et unique édité officiellement par un label) « Mes plus grands succès », mais c’était déjà pris par un autre énergumène. Mais il y a de ça. Auteur prolifique, il aura fallu trier plus de trois cent morceaux pour en arriver là. Où ça ? Nul part en fait, malgré la petite hype médiatique à l’époque qui ne débouchera que sur un malentendu. C’est que Jean-Luc Le Ténia, entre autre chose, est un artisan de mini-chansons absurdes, avec références de pop-culture irrévérencieuses, comme « Laurent Boyer » (qui met du mascara, lalala !) qui passera sur France Inter et sur Canal +. Du coup, Le Ténia (déjà rien que ce pseudo) est estampillé chanteur rigolo. Et Jean-Luc Le Ténia, ça n’est pas très « rigolo ». C’est parfois drôle, comme on rit de son propre désespoir pour ne pas en pleurer comme dit l’adage, mais ça n’est pas gai. Le Ténia est avant tout un chanteur de la frustration. La frustration affective et sexuelle, la frustration d’une vie solitaire et insatisfaite. Il écrit des chansons comme on rempli un journal intime. Seulement lui a ce petit don de trouver des formulations, des façons de dire, et de les mettre en musique, vite-fait mal-fait, expédié à la punk, avec sa guitare et trois accords. Cette possibilité du peu de choses, c’est en voyant Dominique A chanter La Fossette sur scène qu’il l’a compris, au point parfois de prendre la même « voix de curé » (même si le nantais n’aurait jamais été aussi trivial que sur « L’aspirateur », et non ça ne parle pas d’électroménager).

Il lui suffit parfois de quelques secondes et deux phrases et tout est dit, « La première fois ». Jean-Luc Le Ténia est un punk aussi dans sa façon de chercher à provoquer, d’en faire trop. Il sur-joue le beauf régressif qui dit des cochoncetés alors que c’est un intello (Arnaud Desplechin est son idole cinématographique). Il se plaint de la programmation dégueulasse d’Arte le Vendredi soir (tellement vrai, et ça n’a pas changé vingt ans plus tard) alors qu’en fait il va regarder un porno avec Karen Lancaume (autre référence d’époque et bientôt future suicidée, elle aussi) ou revoir un film de Russ Meyer. Tout est excessif chez lui, y compris son côté fleur bleue, qui semble balancer ses sortie misogynes à peine dissimulées derrière une fragilité en permanence brisée par les filles qui, décidément, n’ont pas de coeur. Jean-Luc est un peu sensible, « Pas comme ça », un peu en colère, « Tu embrasses tous les garçons », un peu lubrique « Votre gourou ». C’est cette ambivalence permanente qui fait que Le Ténia est à la fois attachant, amusant et malaisant. Il patauge dans sa frustration, en joue, en souffre, rêve d’en sortir ou plutôt que quelqu’un (quelqu’une plus exactement) l’en sorte, et jette le tout au visage d’un auditoire qui l’a pris pour un chanteur rigolo.

Pourtant tout est dit frontalement : « Je ne peux pas faire l’amour, alors je fais des chansons. ». La plupart des gens feront l’amour dans leur vie, mais ça n’est pas donné à tout le monde de pondre une chanson d’amour aussi simple et belle que « Si tu me quittais des yeux ». Ou de régler son compte à Bertrand Cantat (avant qu’il ne tue Marie Trintignant, détail important) en deux minutes magistrales de destruction en mode mineur, en se contentant de mettre en parallèle des faits de sa vie la plus banale (« Mon thé infuse dans la tasse au lapin ») avec la phrase « Et Bertrand Cantat se prend pour un poète » (le détail de la prononciation du T final étant la cerise sur le gateau), encore plus méchant que son absurdité comique de façade ne le laisse supposer. Ou de chanter un hymne aux sourcils, a capella. Ou aux Jean-Lucs. C’est quand il sort un peu de lui-même qu’il donne son meilleur, quand il fait le pas de côté qu’il faut, y compris dans la description de son quotidien. Ou quand il pousse un coup de gueule contre le cannabis, posture à priori étonnante mais pas vraiment si on le considère comme une sorte de remède contre l’horrible scène « rock alternatif » de l’époque, l’outsider anti-folk par excellence. D’ailleurs si Jean-Luc est le meilleur chanteur français du monde, il n’est jamais très loin de se mettre à gueuler comme un veau. Ça s’entend que Le Ténia peut vriller à tout moment, à force de trop de frustration, comme sur « Fous-moi le camps ! » et son habile texte implicite. Comme si le pas assez dans la vie de Jean-Luc, pas assez d’amour, pas assez d’affection, pas assez de sexe, ce pas assez pesait trop lourd dans sa tête. Alors quand dans un morceau appelé « JEAN-LUC ! », il répète son prénom quatre-vingt dix neufs fois, jusqu’à le crier de façon un peu pathétique, évidemment c’est un peu rigolo, parce que c’est absurde bien sûr. Mais on peut aussi y voir quelque chose d’autre, de poignant : un type qui dit son nom encore et encore, pour vérifier qu’il existe, qu’il est bien là, parce que si personne d’autre ne le fait, alors il ne reste plus que lui-même pour prononcer son nom, le crier comme un chien qui hurle à la mort. Et ça, ce n’est pas très rigolo.

note       Publiée le dimanche 27 février 2022

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Etienne20399 Envoyez un message privé àEtienne20399

J'ai découvert ce type pas longtemps avant que ces chroniques soient publiées j'ai de suite accroché même solitude même ennui même frustration Aujourd'hui c'est un de mes artistes préférés

Note donnée au disque :       
cantusbestiae Envoyez un message privé àcantusbestiae

Pas ultra friand de ce genre de délire, j'ai tout de même écouté "Bertrand Cantat" par curiosité, c'était sublime même si j'en resterai là.