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Atlantic Studios, New York City, USA, 4 février 1959
Pepper Adams (saxophone baryton), Willie Dennis (trombone), Booker Ervin (saxophone ténor), John Handy (saxophone alto), Jimmy Knepper (trombone), Jackie Mclean (saxophone alto), Charles Mingus (contrebasse), Horace Parlan (piano), Dannie Richmond (batterie), Mal Waldron (piano)
Malgré les réussites totales que sont ces premiers enregistrements pour le label américain (mais qui ne seront reconnus comme tels que bien des décennies plus tard), Mingus est blessé par les critiques qui démolissent sa musique parce qu'ils ne la comprennent pas. Regardé comme un personnage austère, à la musique trop complexe ou trop intellectualisée pour être déchiffrée par le commun des mortels, alors que Mingus pense sincèrement sa musique comme le reflet de nos vies, faites de hauts et de bas, des moments d'extase comme des moments de colère, notre contrebassiste adoré va réagir en leur prouvant tout le contraire. "Blues & Roots" sera cette réponse. Aussi vitale et vibrante que ses précédents essais, la musique de ce nouvel album va, comme son titre l'indique, aller puiser ses sources dans les racines profondes de la musique noire américaine : blues, gospel, voire même dixieland avec son hommage à Jelly Roll Morton ("My Jelly Roll Soul"). La musique de Mingus swingue et vibre comme jamais, et si elle laisse momentanément de côté ses abstractions qui avaient le don d'irriter les mélomanes de tout poils - prétendument ouverts aux changements et qui se découvrent du coup ultra conservateurs - elle va se concentrer sur son aspect le plus kaléidoscopique, approchant peut-être plus encore qu'auparavant ce modèle musical qu'a toujours incarné à ses yeux Duke Ellington. Avec une formation élargie à dix têtes de pipes, il prend le pari de doubler toutes les lignes mélodiques pour démultiplier les possibilités harmoniques et créer une musique d'une richesse phénoménale. "Moanin'" (et son chorus de ténor par Booker Ervin samplé des milliers de fois) est un de ces titres aux contours presque palpables tellement ils sont organiques. Avec cet album, Mingus cloue définitivement le bec à ses détracteurs et exhorte ceux qui le veulent à le suivre dans les chemins en dents de scie de son moi profond.
note Publiée le jeudi 12 septembre 2002
Note moyenne 19 votes
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Il semble difficile de classer les Mingus "classiques", rien que Moaning, une des plus grands moments de sa carriere; j'aime bien le final bien speed qu'est E's flat... tiens sur ce dernier morceau le riff de saxo me rappelle etrangement la ligne de chant de Neneh Cherry sur le tres funky Rip rig and panic's You're my kind of climate. Hasard? je ne crois pas.
Intemporel !
Je vais pas remettre un "fantastique" ? Ah bah si. Fantastique.
La rage comme moyen d'expression en voilà une bonne idée. Ce disque est absolument merveilleux. Chef d'œuvre.
Je plussoi pour Moanin'. Un grand disque comme beaucoup d'autres dans sa discographie.